Va-t-on très vite manquer de lithium avec le boom électrique ?

comme les nouvelles La 4L électrique introduite par Renault (un SUV !)présenté comme l’une des attractions phares, le monde de la voiturequi se tient cette semaine à Paris, reconnaît en outre le tournant pris par l’industrie automobile vers les véhicules électriques.

Cette transition est encore plus rapide que nous aurions pu l’imaginer l’année dernière. au point de pousseret Boston Consulting Group (BCG) un vérifiez vos prévisions. « La voiture 100 % électrique à batterie sera le type de véhicule léger le plus vendu au monde en 2028, avec trois ans d’avance sur le calendrier, souligne désormais le cabinet de conseil en stratégie. Ils représenteront 59% des ventes en 2035, et non 45% comme précédemment estimé.

« Cela en dit long sur l’ampleur de la tâche qui attend l’industrie automobile. Il devra faire la transition vers ce nouveau monde en très peu de temps et en étant immédiatement mature », indique Mikaël Le Mouëllic, directeur associé du BCG.

Vue aérienne de l'usine de traitement de la mine de lithium, dans le Salar del Carmen, dans le désert d'Atacama, au nord du Chili, le 26 décembre 2016.
Vue aérienne de l’usine de traitement de la mine de lithium, dans le Salar del Carmen, dans le désert d’Atacama, au nord du Chili, le 26 décembre 2016. – Photo by HO/SQM/AFP

Après les semi-conducteurs, pénurie de lithium ?

Ce défi s’applique aux industriels, mais aussi à toutes les industries parallèles qui l’approvisionnent. Il y a déjà eu des crises. Qu’en est-il en particulier semi-conducteurs, en cours. D’ici 2030, cette pénurie ne devrait plus être qu’un lointain souvenir, estime le BCG. Mais une autre pourrait frapper fort à cette date : celle de lithium. Le métal est un autre élément clé d’une voiture électrique, plus précisément sa batterie. “En termes de capacité de stockage et de performances, les batteries au lithium sont la solution la plus performante du marché, et certainement pour longtemps”, précise Emmanuel Hache, économiste spécialiste des matières premières chez IFP Energies Nouvelles (IFPEN).

Et ce n’est pas seulement vrai pour nos voitures. “Le lithium est un élément clé de tout appareil qui a besoin de stocker de l’énergie, des smartphones aux ordinateurs portables”, rappelle Cécilia Mattéa, responsable du dossier “véhicules propres” au sein de l’ONG. Transport et Environnement (T&E).

« Mais c’est l’industrie automobile qui fait exploser la demande, d’autant plus que la transition vers l’électricité se fait à un rythme plus rapide que prévu », poursuit Mikaël Le Mouëllic. A tel point que le lithium pourrait s’épuiser très rapidement. En 2030, l’offre devrait être inférieure de 4% à la demande attendue, et de 24% d’ici 2035, anticipe le BCG, ce qui pourrait ralentir la transition énergétique.

N’est-il pas le plus critique des métaux stratégiques… sauf à court terme ?

Cependant, le lithium n’est pas le plus critique des les métaux dits « rares » ou stratégiques, car ils sont présents en faible quantité et/ou mal répartis sur Terre. “Vous avez des réserves aux Etats-Unis, en Amérique latine, dans ce qu’on appelle le triangle du lithium -Chili-Bolivie-Argentine-, au Zimbabwe, en Australie (premier producteur mondial), en Chine, en Europe…”, énumère Emmanuel Hache, pas si inquiet que l’on puisse manquer de lithium “d’ici 2050”.

Le risque de pénurie est bien plus important à l’horizon 2030. Emmanuel Hache et Mikaël Le Mouëllic l’expliquent par le manque d’investissement dans de nouvelles lignes de production ces dix dernières années. “Là encore, peu de gens avaient anticipé ce développement rapide du véhicule électrique, et il y avait un risque d’investir massivement dans une technologie qui aurait pu devenir rapidement obsolète”, rappelle le directeur associé du BCG. Résultat : « Cinq entreprises se partagent 90 % du marché », poursuit l’économiste d’IFPEN. Deux Chinois, deux Américains et un Chilien. Non seulement sa production risque de ne plus suffire très vite, mais cette concentration entre les mains de quelques acteurs place également l’industrie automobile dans une situation de dépendance inconfortable.

Des moyens de réduire les impacts de l’extraction du lithium…

Il y a un vrai défi à développer de nouvelles filières géostratégiques et durables du lithium, de l’extraction au raffinage, là où il n’y en a pas à ce jour, estime à l’époque Mikaël Le Mouëllic. Y compris en Europe ? Ces dernières années, plusieurs projets de gisements de lithium se sont heurtés à une forte opposition locale. de la région de Loznica en Serbieun Tréguenncec, dans le Finistère Suden passant pour Barroso, au nord du Portugal ou la région Estrémadure en Espagne.

De ce problème d’acceptabilité sociale en Europe, il est possible d’en faire un avantage, se faufile Cécilia Mattéa… Inciter les sociétés minières à adopter les meilleures normes sociales et environnementales possibles. Le responsable “véhicules propres” de T&E s’inspire de la société Infinity Lithium en Estramadure qui, face aux protestations locales, « a revu sa copie, passant d’un projet de mine à ciel ouvert à un projet souterrain, qui réduit déjà son empreinte et son impact sur la biodiversité. »

Des manifestants s'opposent au projet de mine de lithium à Treguennec, Finistère, le 26 février 2022.
Des manifestants s’opposent au projet de mine d’extraction de lithium à Treguennec, dans le Finistère, le 26 février 2022. — FRED TANNEAU / AFP)

En tout cas, c’est un autre problème clé avec le lithium : le sortir le plus proprement possible. Les marges de progression sont importantes. Pour extraction du lithium de la saumures pompé des lacs salés, comme c’est le cas en Amérique du Sudévoque Cécilia Mattea le «DLE» pour «l’extraction directe du lithium». « Cette technique, actuellement en développement, permet d’améliorer significativement le taux de récupération du lithium par volume d’eau traitée, c’est-à-dire de produire plus avec moins d’eau, [ressource rare dans la région] », illustre.

Moins de stress sur le lithium géothermique ?

Autre indice intéressant : le lithium géothermique. Les centrales géothermiques produisent de la chaleur en convertissant l’eau contenue dans les aquifères souterrains en vapeur. L’idée est de profiter de cette eau amenée des profondeurs pour récupérer le lithium, avant de le réinjecter dans le sol. Une façon de faire d’une pierre deux coups et à moindre coût environnemental. « Et le problème de l’acceptabilité sociale se pose moins, puisque la géothermie existe déjà », précise au passage Emmanuel Hache.

La preuve : Des unités pilotes de production de lithium géothermique ont déjà vu le jour en Europesurtout en Alsacemoi avec le groupe minier français Eramet. Ce lithium géothermique ne devrait répondre qu’à un faible pourcentage de la demande en lithium. “Ce n’est pas grave, c’est déjà une façon de faire prendre conscience à nous Européens de la richesse de notre sous-sol et qu’il faudra probablement (ré)exploiter, sûrement de la manière la plus propre possible”, estime Emmanuel Hache, qui le fait l’un des principaux enjeux de la transition énergétique.

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