Si les réquisitions de personnel permettent de s’approvisionner en essence, le maintien de l’arrêt chez TotalEnergies, les menaces de nouveaux blocages dans les entrepôts et la question de la logistique pourraient encore ralentir les approvisionnements.
Entre espoir et résignation… Il est probable que ce week-end continuera d’être très difficile pour les automobilistes en quête d’essence. Si la situation semble s’améliorer un peu du côté de l’offre des stations-service, le rejet par la CGT des propositions de TotalEnergies ne laisse pas beaucoup d’optimisme… Ainsi que des contraintes logistiques. explications.
Un peu moins de difficulté dans les gares mais…
Ce jeudi à 17h00, sur l’ensemble du territoire, il manque au moins un carburant dans 29,1% des stations, contre 30,8% mercredi à la même heure, selon le ministère de la Transition énergétique. Un chiffre qui cache là encore de fortes disparités.
La région Hauts-de-France, particulièrement touchée au début du mouvement de grève, connaît une réelle embellie avec 31,7% de gares en difficulté contre près de 43% mercredi.
En Île-de-France en revanche, si l’on regarde les progrès, la situation reste très difficile, avec 38,8% des gares connaissant au moins une pénurie contre 41,9% la veille. Comme en Centre-Val-de-Loire, où 4 stations sur 10 sont également concernées.
La Première ministre Élisabeth Borne dit voir “des signes d’amélioration”. “Je suis la situation avec la plus grande attention et je vois des signes d’amélioration à certains endroits où l’envoi de carburant vers les stations-service a repris.”
Des référentiels plus opérationnels
Cette légère amélioration est une conséquence du déblocage de certains dépôts de carburant par la réquisition de personnel.
Ces réquisitions ont eu lieu au dépôt de Flandre (Dunkerque) de TotalEnergies (qui approvisionne notamment le nord de la France) et au dépôt de Port-Jérôme d’Esso-ExxonMobil.
Ces “réquisitions ponctuelles (sont faites) pour alléger la situation des Français”, confirme Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique.
Ainsi, 7 000 mètres cubes de carburant sont partis de Port-Jérôme de Esso en 24 heures (soit 110 000 voitures ravitaillées) et 900 mètres cubes du dépôt TotalEnergies en Flandre en 7 heures hier.
Dans le même temps, le ministre des Transports, Clément Beaune, a pris deux arrêtés pour autoriser la circulation des camions-citernes ce week-end. Le texte autorise notamment le dépassement de la durée maximale de conduite journalière.
Et si la CGT rejette l’accord signé chez Totalenergies et a reconduit la grève dans les raffineries du groupe, elle promet des livraisons ce week-end depuis Donges.
“Nous avons pris en compte les tensions dans le pays. Il y aura des livraisons aujourd’hui en fin d’après-midi pour aider à apaiser les tensions”, explique Fabien Privé Saint-Lanne, secrétaire général de CGT Totalenergies à la raffinerie de Donges.
Enfin, du côté de l’entrepôt Esso de Port-Jérôme, la grève a été levée ce vendredi après-midi après un nouveau vote des salariés.
Comment améliorer encore l’offre des stations ? “Pas vraiment”, explique Francis Pousse, président national des distributeurs de carburants et énergies nouvelles Mobilians.
« Le produit commence à arriver mais c’est vendredi midi, demain c’est le week-end. Même si les camions seront autorisés à rouler, il y a toujours la règle de repos de 48 heures pour les chauffeurs. Et en même temps, il y a toujours un manque de chauffeurs. Enfin, tous les dépôts ne sont pas ouverts. Cela crée beaucoup de limites.”
En revanche, le responsable précise que ces livraisons permettront de réapprovisionner les entrepôts pour les jours/semaines à venir.
Mais les raffineries de TotalEnergies sont toujours en grève
Ces légères améliorations pourraient être freinées par la poursuite du confinement des raffineries de TotalEnergies.
En effet, la CGT a annoncé vendredi la reprise de la grève sur tous les sites de TotalEnergies touchés par le mouvement social, c’est-à-dire sur les cinq sites du groupe déjà bloqués.
Cependant, la direction et deux grands syndicats, dont la CFDT, sont parvenus à un compromis sur une augmentation de salaire. après des négociations la veille au soir mais la CGT, à l’origine de la grève qui a provoqué la pénurie d’essence en France, a refusé tout accord et a quitté la table des négociations la nuit.
Et les menaces sur les gisements
Autre source d’inquiétude du côté du réservoir. Les salariés CGT de l’entrepôt TotalEnergies en Flandre entendent aussi protester contre la réquisition de personnel et “durcir le ton”, raconte l’un d’eux sur BFMTV. Les difficultés risquent d’augmenter à moins que les réquisitions ne soient à nouveau décidées.
Pourtant, les demandes ont été validées devant le tribunal ce vendredi, en tout cas celui de Port-Jérôme. En effet, le tribunal administratif de Rouen a rejeté ce vendredi le référé de la CGT.
Dans son arrêt, que l’AFP a pu consulter, le tribunal administratif considère notamment que “le recours aux mesures de réquisition individuelle des mandataires est nécessaire pour prévenir le risque d’atteinte à l’ordre public en raison de la durée des coupures d’approvisionnement provoquées pour La grève.”
Tout dépendra donc de la réaction des syndicats et des salariés de ces entrepôts aujourd’hui. Le lock-out des salariés réquisitionnés pourrait donc rendre impossible l’approvisionnement des pétroliers et entretenir à nouveau des pénuries importantes ce week-end.
« Les entrepôts doivent être approvisionnés pour la semaine prochaine », convient Francis Pousse.
Retour à la normale la semaine prochaine ?
Emmanuel Macron a promis un retour à la normalité la semaine prochaine mais pour le dirigeant des Mobilians “c’est parfaitement impensable”.
“Les restrictions techniques imposent normalement des délais d’au moins 5 jours pour redémarrer les raffineries et remplir les cuves”, poursuit Francis Pousse.
“Par exemple, les pétroliers ne pourront s’approvisionner que d’une seule raffinerie lors de leurs tournées au lieu des 3 habituelles”, poursuit-il.
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