Alors que les réunions de l’équipe de l’Assemblée nationale française se tiennent régulièrement dans un relatif anonymat, la rencontre qui les a opposés à une sélection d’anciens joueurs, chanteurs et comédiens a retenu l’attention. Les partis de gauche ont décidé de boycotter l’événement en raison de la présence de quatre députés du RN, la politique s’est invitée dans le rectangle vert. Et si sur toutes les lèvres était l’envie de faire passer le football avant ses convictions, il était difficile de s’y tenir.
Par Alexandre Le Bris, à Paris
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Ce mercredi vers 18 heures, les abords du stade Émile-Antoine, situé au pied de la tour Eiffel, étaient bondés. Si les matchs de l’équipe de France à l’Assemblée nationale passent généralement inaperçus et restent traditionnellement l’apanage de quelques observateurs politiques, cette confrontation contre l’équipe de Football positif, emmenée par Omar da Fonseca et composée notamment de Sonny Anderson ou Matt Pokora, s’est déplacée au foule. .
« Je n’avais jamais vu autant de médias pour une partie de branquignoles. » un député
Y’a pas de politique dans le vestiaire, mais y’en a dans l’échauffement
Armés de caméras, de smartphones ou encore de micros, une bonne quarantaine de journalistes se sont rendus sur le terrain dès l’échauffement des joueurs. Et comme l’a souligné ce député, ce n’était pas pour regarder du grand football : « Je n’avais jamais vu autant de médias pour une partie de branquignoles. » En 48 heures, le volet solidaire de ce match au profit de l’association e-Enfance, qui vient en aide aux jeunes victimes de violences numériques, a été largement débordé par un tourbillon médiatique provoqué par boycotter les partis de gauche. La France insoumise et le Parti socialiste ont expliqué leur retrait par la présence inédite de députés de l’Association nationale au sein de l’équipe. De quoi faire sursauter certains députés qui n’ont pas hésité à faire l’impasse sur l’échauffement d’avant-match mercredi soir pour dévorer les micros mis à rude épreuve. Une preuve que, même cramponné, en costume bleu battu du coq des deux stars, un député reste un homme politique.
Pendant près de 20 minutes avant le début de la réunion, beaucoup d’entre eux se sont présentés devant la presse et ont prononcé des discours bien préparés sur le boycott à leurs collègues de gauche à l’Assemblée. “C’est un coup médiatique comme nous en avons l’habitude. NUPES a un comportement litigieux, c’est sûrement pour cacher ses problèmes internesLe député RN du Pas-de-Calais avance Emmanuel Blairy. On n’a pas parlé de politique dans le vestiaire. » “Il n’y a de connivence avec aucun champ politique aujourd’huivotre capitaine du jour abonde et proche du président Macron, Karl Olive. On laisse les condamnations au vestiaire. » Ils avaient même passé le mot à Matt Pokora, chanteur d’attaque du domaine des “stars” : « J’ignore cela. Quand je joue au foot, je ne fais jamais attention à qui est devant, je suis pour l’association. » UN “noble cause” selon Karl Olive, pour qui les acteurs de cette rencontre ont récolté 35 000 euros.
Vous avez dit collectif ?
Heureusement, Omar da Fonseca, entraîneur de l’équipe du Fútbol Positivo, était là pour animer un peu l’ambiance de cet avant-match avec ses envolées lyriques. Pendant ce temps-là, Franck Signorino, Vitorino Hilton ou Sonny Anderson s’échauffaient en faisant un ‘Brésilien’, alors que du côté des députés emmenés par Luis Fernandes, ça ne ressemblait à rien. Enfin, surtout pas à une équipe soudée et coordonnée : le groupe enchaîne les coups froids entre apparition de pas chassés et talons-fesses. “A quel poste joues-tu ?” jette un journaliste à un député. « Je ne sais pas… Striker, je pense ! » , répond-il, plus attentif à une caméra qu’à écouter les consignes de son entraîneur. Et si le début de match est fracassé, les élus perdent rapidement l’un de leurs quatre représentants RN en la personne de Julien Odoul, tout droit rentré de soirée, victime d’une déchirure du ligament rotulien, selon son entraîneur et son capitaine. . Et alors qu’il quitte le terrain sur une sorte de civière, l’humoriste Redouane Bougheraba demande à quel camp politique appartient son partenaire. Peut-être ne lui avions-nous pas tout expliqué.
« Matt Pokora et Patrick Bruel se battent pour être le meilleur buteur du Variété Club de France. » karl olive
Quoi qu’il en soit, l’équipe de Gathering a découvert que Matt Pokora était aussi bon avec ses pieds qu’il l’était avec ses cordes vocales, sinon mieux. Son quadruplé avant la mi-temps n’a cependant pas surpris Karl Olive : « Avec Patrick Bruel, ils se battent pour être le meilleur buteur du Variété Club de France. » L’équipe de Positive Football, qui comprenait également Wilfrid Mbappé, Smaïl Bouabdellah, Mathieu Bodmer et Jessica Houara-d’Hommeaux, s’est imposée 9-2 sur ses adversaires dans la soirée. Ce sont finalement Christian Karembeu et Redouane Bougheraba, buteurs de terrain politiques (sans étiquette et donc sans mandat), qui ont le mieux représenté leur équipe : le premier s’est illustré à la reprise, et le second a agi en opportuniste pour changer d’équipe en seconde période. . “Vous êtes un traître” lança gentiment un adjoint. “Non, non, on appelle ça politique” , a lancé l’humoriste. Comme quoi, maillots et crampons n’ont trompé personne.
Par Alexandre Le Bris, à Paris
Interview réalisée par ALB.
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