rentrée / Ligue 1 / J6 / Auxerre-Marseille (0-2) / SOFOOT.com

De graves incidents ont opposé les supporters d’Auxerre et de Marseille en marge de la rencontre qui se jouait alors à l’Abbé-Deschamps. Le triste spectacle d’une terrasse de restaurant rasée viendra probablement consoler les purs et durs en la matière, notamment en faveur d’une interdiction générale des fans extérieurs. Cependant, ne faut-il pas aussi s’interroger sur la question de la gestion policière et sécuritaire de ce type de soi-disant “à risque” ?

Il n’y a que quelques éléments fiables et sources autour de cette bataille rangée qui s’est déroulée pendant un quart d’heure, samedi en début d’après-midi. Apparemment, 80 Auxerrois et 150 Marseillais se sont opposés, selon des chiffres fournis par la police, devant le restaurant Espacio Piscina, à quelques pas de l’Abbé-Deschamps. L’essentiel (profil des protagonistes, cause de la rixe, etc.) reste inconnu. Pourtant, tous les témoignages recueillis par la presse ou sur Twitter convergent et confirment la violence de l’affrontement entre les deux groupes antagonistes. En revanche, il est impossible de déterminer quelles sections des tribunes étaient concernées, notamment compte tenu de l’absence d’interpellations. La clientèle familiale présente dans l’établissement, dont des enfants, s’en est miraculeusement échappée grâce à la froideur du personnel. Depuis, toutes les rumeurs ont circulé et des versions contradictoires commencent à fleurir, notamment sur les réseaux sociaux. Provencecitant les Phocéens, ouvre la voie à la provocation d’une cinquantaine de garçons “présentant pour une bonne partie d’entre eux des modèles de troisième ligne” , vers les Marseillais rassemblés devant le Bar des Stades (qui dénonce pour sa part de nombreux vols, dont des colis de Chronopost et Colissimo). De plus, la possibilité de présence d’éléments “hors de” , parisiens notamment, a été dénoncé mais jamais vérifié. Une fois de plus, les forces de sécurité n’ont pu attraper aucun “combattant” son identité est difficile à établir…

Longoria : “Nous condamnons tous les incidents”

Naturellement, ces affrontements arrivent à leur paroxysme, alors que les modes de gestion des followers, et donc des déplacements, restent en suspens. La LFP, par la voix de son président, l’a répété : il est hors de question de relancer une nouvelle saison cauchemardesque dans ce domaine. De plus, la gravité des événements ne peut être sous-estimée. Heureusement, le pire a été évité compte tenu de l’intensité des combats et de la présence importante de civils, simples clients, dont de nombreux enfants qui n’ont pas été blessés. Le monde des tribunes reste en tension depuis la fin des mesures liées au Covid. Les rivalités semblent même s’être exacerbées. Cela n’excuse rien, ni ne clarifie les responsables. La sensation de gaspillage est immense. L’Abbé-Deschamps était plein à craquer pour ce choc tant attendu avec le retour de l’AJA en Ligue 1. Plus de 1 100 Marseillais ont rempli le parking officiel. En conférence de presse, Pablo Longoria, président de l’Olympique de Marseille, a salué le dialogue avec les groupes de supporters et la volonté d’éviter les affrontements : “On parle aux supporters, on comprend que c’est Marseille, on comprend la ferveur, mais il faut tenir compte de la sécurité. C’est normal, ce n’est pas agréable pour nous ni pour personne de voir des incidents dans le stade, dans la rue, avec des supporters de différentes équipes. Et nous condamnons tous les incidents. »

Le fiasco du Stade de France en tête


Il y a un sujet tabou dont personne ne semble vouloir parler : les matchs tendus sont une réalité. Alors, comment les maîtriser sans priver les différents publics de ces affrontements qui font le sel -et la rentabilité- du football ? Le fiasco du Stade de France en finale de C1 a mis en lumière des failles inquiétantes dans la conception et l’approche françaises du public et de la sécurité publique lors de ce type d’événement. “des rencontres potentiellement explosives” . Pour Marseille, le mouvement des Grecs du PAOK a aussi illustré cette faiblesse dans la prévention et le contrôle des affrontements. Rien de très rassurant alors que l’OM s’apprête à accueillir Tottenham, Francfort et le Sporting en Ligue des champions.

Alors comment les forces de sécurité ont-elles pu ignorer la préparation puis le début d’une bataille rangée à quelques centaines de mètres du stade ? Le restaurateur a confié à nos confrères de France Bleu qu’il avait prévenu la police : « A midi les supporters d’Auxerre me disent que les supporters marseillais veulent se battre contre l’Espace. J’appelle le commissariat, ils me disent qu’il n’y a pas de personnel. Un quart d’heure plus tard, les supporters d’Auxerre me revoient car ils n’ont toujours pas vu de patrouille. Ils me demandent de les rappeler, c’est ce que je fais. Ils me disent : « Nous ne pouvons pas venir, nous sommes sous interrogatoire. J’ai appelé le poste de police quand tout était cassé. Ils arrivèrent dix minutes plus tard. » La préfecture de l’Yonne, pour sa part, répond que “La situation est revenue au calme quelques minutes après le début de l’affrontement grâce à l’intervention de la police” . Bien sûr, il est important de responsabiliser le mouvement ultra et, bien sûr, la direction des clubs. Il peut également être nécessaire d’exiger que les actions des autorités, comme leur mission au sein de la République, soient conformes aux risques éventuels et assurent ainsi la sécurité de l’ensemble du public, garantissant le bon déroulement de la réunion.

Par Nicholas Kssis-Martov

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