pourquoi les chiffres sont insuffisants

11h40, 13 octobre 2022, modifié à 11h58, 13 octobre 2022

“J’ai découvert en me savonnant sous la douche que j’avais une boule au sein droit, j’avais 38 ans. » Depuis, Annie Brousse, 65 ans, a eu deux récidives et deux mastectomies. Le cancer du sein est un sujet qu’elle connaît bien. « Nous ne sommes pas sortis indemnes de cette maladie. », déclare qui, depuis 2019, préside l’association “Vivre comme avant”, dédiée à l’accompagnement des patientes atteintes d’un cancer du sein. “Quand les diagnostics ont chutéelle explique, c’était un peu comme si j’avais l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de ma tête. »

Aujourd’hui, selon Santé Publique France, le cancer du sein représente un tiers de tous les nouveaux cas de cancer chez la femme. C’est aussi, pour eux, le plus meurtrier. En 2018, il était responsable de plus de 12 000 décès. Pour mieux lutter contre ce fléau, la Direction générale de la santé (DGS) a lancé en 1994 un programme de dépistage, qui a été généralisé en 2004 à l’ensemble du territoire. Bien que le risque de développer un cancer du sein augmente avec l’âge, toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans sont invitées à passer une mammographie gratuite tous les deux ans. “Le but est de découvrir des tumeurs qui ne sont pas palpables, avant qu’elles ne se manifestent cliniquement », explique le Dr Kais Razzouk, chirurgien à l’Institut du Sein Kantis à Nice.

Seule une femme sur deux se soumet à un dépistage organisé

Cependant, aujourd’hui, l’examen est encore très impopulaire. Sur la période 2020-2021, le taux national de participation au dépistage organisé (donc dans le cadre du programme national de dépistage) était de 46,6 % (42,6 % en 2020, 50,6 % en 2021) selon Santé Post France. En raison de la pandémie et de la mobilisation des professionnels de santé dans la lutte contre le Covid, « Le dépistage organisé s’est arrêté entre mars et juillet 2020 », explique Corinne Balleyguier, chef du service d’imagerie médicale au centre de cancérologie Gustave Roussy (94). Mais la faible participation à la visite médicale n’est pas nouvelle. Selon l’établissement public, il est efficace ” Depuis 10 ans »« pour tous les groupes d’âge et toutes les régions ».

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En France, plusieurs facteurs expliquent ces chiffres. « Dans certaines régions, il y a moins de participation aux projections organisées car les projections individuelles sont plus importantes », indique Corinne Balleyguier. En effet, les femmes de moins de 50 ans peuvent, de leur plein gré ou sur prescription d’un médecin ou d’un gynécologue, se rendre dans un centre de radiologie pour se faire examiner quand elles le souhaitent. Le diagnostic est moins complet car il n’y a pas “juste une lecture des résultats » par l’équipe médicale au lieu de deux comme dans le dépistage organisé, mais les patients peuvent repartir le jour même avec les résultats. Selon le radiologue, cette technique de dépistage profite surtout aux citadins, où « les femmes sont souvent suivies par des gynécologues ». Et où les déserts médicaux se font plus rares.

Certaines femmes disent “je préfère ne pas savoir”

Les médecins soulignent également que toutes les femmes ne sont pas informées de la même manière sur l’importance du dépistage, et que les inégalités d’accès aux soins et aux centres de radiologie sont réelles. Par ailleurs, la mauvaise image du test de dépistage est également remise en cause. “Il y a des messages mitigésCorinne Balleyguier précise, comment le test peut causer [à cause des radiations liées à la mammographie ndlr] cancers radio-induits. » Un risque qui existe, reconnaît Bruno Borens, radiologue du sein à l’institut du sein Niza Santa Maria, mais qui est ” Très rare » selon le.

“Peur du résultat”

Mais pour tous les spécialistes, la faible participation au dépistage organisé est surtout liée à une “frein psychologique ». « Certaines femmes se disent “je préfère ne pas savoir, on verra quand ça arrivera” », se lamente Kais Razzouk, chirurgien à l’institut du sein Kantys à Nice. UN « politique d’autruche » nourri d’un peur du résultat ». « La première peur est de savoir que vous avez un cancer.” Annie Brousse souffle. “Nous nous disons:” Je vais bien, je n’ai aucun symptôme “et maintenant, on nous a diagnostiqué une maladie mortelle. ».

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Cette peur va parfois de pair avec la peur de souffrir lors de l’examen, réalisé en comprimant la poitrine avec des plaques. A ce stade, Corinne Balleyguier se veut rassurante. ” Une mammographie correctement réalisée ne doit pas faire mal, assure-t-elle. Le radiologue doit disposer du matériel adéquat s’il veut pouvoir effectuer des examens de dépistage. » communication avec les patients, indispensable »elle a aussi évolué selon Bruno Borens. “On fait parler les femmes pendant l’examen, on leur demande comment elles se sentent, on leur demande de nous dire quand ça fait mal », déclare-t-il.

« Changer le regard des femmes sur la maladie »

Aujourd’hui, pour que la projection devienne réflexion, l’enjeu est ” changer le regard des femmes sur la maladie ». « Quand on a un cancer du sein, on n’a pas toujours de traitement lourd », témoigner Annie Bush. L’autre urgence : « démystifier le dépistage », insiste Bruno Borens, qui suggère la réalisation” reportages, vidéos » au cours de l’épreuve. Et rappelez-vous que, détecté tôt, le cancer du sein peut être guéri “dans plus de 90% des cas”. « Découvrir un cancer à un stade précoce offre la possibilité d’être moins invasif en termes de traitements, chirurgicaux et complémentaires, plus tard », complète son collègue Kais Razzouk.

Petit à petit, pour que la projection perde sa connotation angoissée, les choses changent. A l’Institut du Sein de Nice, des professionnels de santé ont lancé le programme “Soin du sein d’un jour”, qui permet aux femmes qui se présentent à un dépistage de passer une mammographie et une échographie le même jour et d’avoir un premier diagnostic. ” L’objectif est de réduire l’anxiété d’attente entre la détection de quelque chose de suspect et les résultats. », explique Kais Razzouk.

Pour toucher et sensibiliser les populations ayant un accès limité à la mammographie et aux centres de soins, des équipes mobiles sillonnent également la région Ile-de-France à bord du « Camion d’Octobre Rose » (prise de rendez-vous sur Doctolib). Enfin, les médecins rappellent aussi que chaque femme, à son niveau, peut agir grâce à “en observant ses seins »et l’apprentissage de l’auto-palpation.

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rose d’octobre, c’est bien parce que c’est un mois où le monde parle du cancer du sein », sourit le radiologue Bruno Borens. Cependant, c’est loin d’être suffisant. ” il faut toujours communiquer », insiste Corinne Balleyguier, qui déclare que « ce n’est pas quand ça va bien qu’on pense détection ». Pour les personnes plus jeunes, moins concernées par le risque de cancer, les médecins recommandent ” un suivi gynécologique dès l’âge de vingt-cinq ans ». Pour les femmes plus âgées, osez surmonter vos peurs. Le mois rose a un impact positif. ” Chaque année, le nombre de rendez-vous augmente pendant Octobre Rose », se réjouit Bruno Borens. Avant de conclure, plus sérieusement : Mais cet effet reste limité dans le temps. »

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