paris ici: Bonjour Patrick, nous pouvons dire que vous avez parcouru un long chemin !
patrick sebastien : En effet, je sors d’une période vraiment sombre, j’ai vécu un tsunami : l’exclusion de la télévision, le deuil de personnes qui me sont chères et puis ce cancer du rein qui a été détecté il y a quelques mois. Sans oublier, bien sûr, ma séparation d’avec Nana après trente ans de mariage. Même s’il s’agit d’une rupture à l’amiable, ce n’est jamais facile.
Et pourtant, je suis toujours là, plus vivant que jamais ! Avec, en toile de fond, la philosophie de vie de ma mère qui me disait toujours : « Ce n’est pas la fin de quelque chose, c’est le début d’autre chose. Restez dans la bienveillance et oubliez le ressentiment. Donc, avec Nana, nous nous sommes réunis le 11 septembre pour fêter les 15 ans de notre fille, Lily, et ce fut une journée fantastique. Je vois tellement de couples s’effondrer, mais nous avons eu l’intelligence de dire : “D’accord, nous ne vivons plus ensemble, d’accord, notre partenariat est terminé, mais nous travaillons toujours ensemble et nous nous rassemblons autour de notre fille.” «Nous avons vraiment eu notre rupture. Restant dans la haine ou le ressentiment, cela finit toujours par vous revenir comme un boomerang… Et puis, il est inutile de se rebeller contre l’inévitable…
“Mon cancer est une ‘opportunité’ car j’ai eu beaucoup de chance d’en sortir”
Ce cancer, donc tu le prends fatalement ?
Je ne vais pas dire que je n’ai pas fait caca ! Huit heures d’anesthésie, ce n’est pas rien. Et pourtant, je ne dis pas que j’ai eu un cancer, je dis que j’ai eu “de la chance” ! Parce qu’au final, j’ai eu beaucoup de chance ! La possibilité qu’il soit détecté à temps et exploitable.
Comment l’as-tu appris?
Après une échographie de contrôle de la prostate, mon médecin voit un angiome et me demande, par sécurité, de faire encore plus d’examens : IRM (je suis cloîtré, l’horreur !) et biopsie.
“Mon rein a été touché : huit heures d’anesthésie générale… Alors oui, merde !”
Et maintenant, ils me disent que c’est un cancer. Heureusement, il n’était pas envahissant : on l’a retiré et le tour est joué !
Ce cancer est toujours la conséquence de tout ce que vous venez de traverser, n’est-ce pas ?
Bien sûr, Stéphanie ! Aussi, je m’attendais à ce que mon corps se rebelle. Vous savez, quand ma mère est décédée un an plus tard, j’ai développé un cancer de la peau. Je savais que mon physique allait subir les contrecoups de toute cette merde qui m’avait été faite. Mais je ne blâme personne car pour moi, eh bien, tout est écrit…
Florent Pagny a communiqué très rapidement et en toute transparence sur son cancer. Pourquoi avoir attendu la sortie de ce livre pour en parler ?
Parce que je ne voulais pas en parler avant d’être guérie. Je suis un marchand de bonheur, certainement pas de malheur. Il ne s’agissait pas de m’apitoyer sur mon sort. Et puis, dès que j’ai pu écrire, je me suis senti renaître.
L’écriture était la meilleure convalescence, la thérapie la plus efficace. Une fois de plus, je veux infecter les gens avec de l’espoir. C’est ce que j’ai fait toute ma vie. Démontrer que rien n’est jamais perdu d’avance et que l’on peut aller de l’avant. Ma tournée d’été, 10 000 personnes scandant ton nom, chantant tes chansons : c’est aussi le meilleur remède.
Mais ce médicament, vous ne l’avez pas si vous ne le donnez pas. Pour que ça marche, il faut donner.

En quoi ce livre est-il différent des autres ?
C’est la plus personnelle, la plus aboutie aussi depuis que j’ai 68 ans. Je m’emballe encore plus et je sais aussi plus de choses. Les autres livres que j’ai écrits dans une période de grande tranquillité professionnelle.
Alors que celui-ci a été écrit pendant une période où la vie me bousculait vraiment : je me suis fait virer de la télé, ma relation a explosé et j’ai eu un cancer ! J’étais vraiment au fond du trou. Cependant, ce livre est tout sauf un bilan.
“Je m’attendais à une révolte de mon corps, je savais que mon physique allait en prendre le contrecoup”
Au risque de me répéter, nous n’avons aucun contrôle. Ce qui doit arriver, arrive : l’expulsion, le cancer, ma séparation… Tout cela était écrit. Et tous ces tests, je ne les vois pas comme une punition mais comme une arme. Une arme qui m’a permis de faire autre chose et de donner encore plus aux autres. Ceux qui ne m’aiment pas, je m’en fous, et j’existerai ailleurs.
Je viens de la ville et j’aime la ville de la ville.
“Je suis un marchand de bonheur, il ne s’agit pas de m’apitoyer sur mon sort”
Un jour, son médecin lui dit : “Je ne sais pas de quelle matière tu es fait, je suis impressionné par une telle force mentale…”
Cette force, c’est ma mère qui me l’a inculquée : face à la haine, réponds par l’amour. A mes ennemis, je ne leur ferai aucun bien, mais je ne leur ferai pas de mal non plus. Ne blâmez pas les autres ou vous-même. Et puis, ce que je vis tous les jours dans la rue, ce phénomène de sympathie de la part de tous ces gens qui ont grandi avec moi… Alors, ok, ils m’ont exclu de la télévision, mais ça me donne encore plus de force. Ils pensaient que j’étais le blaireau du moment, mais la télévision n’a que trois millions de téléspectateurs. Cela signifie-t-il qu’il y a plus de 60 millions de blaireaux ?

Sur scène avec Marie, sa petite-fille.
Aujourd’hui vous vous dites libre et libertin : alors il n’y a pas de cinquième mariage en vue ?
Je ne peux pas me remarier car je ne suis pas divorcé. Et puis j’ai trop besoin de liberté. Personne n’appartient à personne. D’un autre côté, je suis tout le contraire d’un homme.
Je n’ai jamais rien imposé aux femmes que j’aimais. Pour moi, la plus belle preuve d’amour est d’accepter que l’autre soit heureux sans toi. Et c’est vraiment très difficile à accepter, c’est pourquoi il y a tant de crimes passionnels.
Si Nana revient à la vie demain et que le garçon est une bonne personne, je serai très heureux pour elle. Parce que si Nana est heureuse, notre fille sera heureuse et c’est le plus important.
Tu n’avais pas toujours cette sagesse quand j’ai lu qu’en 1979, tu voulais mourir pour Marie Myriam…
Heureusement que je l’ai raté car aujourd’hui, avec le recul, se tirer dessus pour quelqu’un est la pire des choses à faire.
Écoute, j’ai toujours les cicatrices du rasoir avec lequel je me suis coupé les poignets. D’autant que cette angoisse c’est l’ego qui parle.
Comment passe-t-on de jaloux à libertin ?
Un jour, j’ai réalisé que la jalousie blesse l’autre, mais aussi moi. Ce qui gâche tout, c’est la possessivité.
Aujourd’hui, je ne veux plus appartenir à personne. Alors, je n’ouvre plus mon cœur, je ne l’ouvre qu’à moitié. J’ai eu 3 000 occasions de tomber amoureux. Le coup de foudre, vous le contrôlez. Vous tombez amoureux et pour ne pas souffrir, vous vous bloquez et vous éloignez. Moi, c’est ce que je fais maintenant pour avoir la paix…
Dans ce livre, vous parlez aussi beaucoup du suicide comme acte de bravoure…
A tous les nuisibles, aux nuisibles, je m’enfuis. J’ai fait le ménage dans ma vie et maintenant je m’entoure de personnes qui ont les mêmes valeurs que moi.
Oui, mais ce n’est pas un acte de désespoir. Je voudrais juste arrêter, peut-être le jour où je ne veux plus rien. Aussi, en ce moment, je n’ai pas vraiment de souhaits particuliers… Sauf continuer avec le même confort. Vivre les plaisirs du quotidien, rencontrer des gens, partager, donner.
“La plus belle épreuve de l’amour est d’accepter que l’autre soit heureux sans toi”
J’ai 68 ans et j’ai besoin de solidité autour de moi. Dans la rue, quand ils m’arrêtent, ils ne me disent pas « j’aime ce que tu fais », mais « j’aime ce que tu es ». Et c’est le meilleur des compliments !

© Meilleure image
Aujourd’hui, comment te sens-tu ?
Je me sens fort. Fort car, quoi qu’il arrive, je reste dans la bienveillance. On peut continuer à me caricaturer “Patrick, c’est juste de l’amour”. Eh bien oui, plus que jamais, ce n’est que de l’amour. Je ne vis pas dans un monde de Bisounours, mais c’est tout ce en quoi je crois. Et sans cette bienveillance, je serais trente-sixième en dessous, peut-être même déjà mort.
“Avec Nana, on a vraiment réalisé notre séparation”
Quel message particulier voudriez-vous faire passer aux lecteurs deparis ici ?
Votre meilleur ami c’est vous ! Votre pire ennemi, c’est aussi vous. Tous les matins, offrez-vous un sourire dans le miroir et vous verrez, c’est bête comme la lune, mais c’est super efficace ! Se sourire signifie que vous vous aimez, que vous effacez vos complexes et vos angoisses. Alors, chaque matin, je souris dans le miroir et je me dis : « Au moins j’ai rencontré une personne sympa pour la journée ! « Allez, souriez, puisque c’est sérieux » comme le chantait Alain Chamfort.
Quoi qu’il en soit, j’espère vraiment que ce livre pourra aider certaines personnes.
Parce que ma vie est à partager avec un grand p! J’ai réussi à sortir la tête haute de divers événements qui auraient dû m’engloutir, et c’est surtout grâce à la bienveillance. Il faut résister et survivre sans s’apitoyer sur son sort. mon cancer? Je pense que c’est de la chance ! ma séparation ? C’est un succès! Mon éviction de la télévision ? C’est une vraie bénédiction…
A la fin du livre, on découvre que vous avez acheté votre concession à Martel, dans le Lot…
Oui, et je vais faire rapatrier le corps de mon fils pour qu’on soit ensemble. Bon, je ne pourrai pas mettre un petit homme en mousse sur la croix, mais ici, ma dernière demeure sera à Martel.
C’est aussi une façon d’aider ma ville, qui m’a tant apporté. Ma tombe, fera marcher les affaires…
“Aujourd’hui, je ne veux plus appartenir à personne”
Martel est l’endroit où je suis le plus heureux. J’ai mon clan là-bas, mes drôles de demoiselles qui se mettent en quatre pour me faire plaisir : Marie-Christine et Élodie, un couple formidable qui s’occupe de tout le ménage ; Maria, ma petite-fille; et Lily, ma fille… En plus, elle et moi sommes devenues très proches ces derniers temps. Et puis, je suis aussi grand-père pour la sixième fois grâce à mon fils Benjamin. Donc, pour l’instant, je suis sur mon petit bonhomme de chemin.
D’ailleurs, j’ai mille projets. Et peu importe le succès, l’important est de faire. De toute façon, si j’arrête, je meurs…!
Entretien avec Stéphanie Lohr
Le spectacle familial par excellence revient sur scène pour une deuxième nouvelle saison ! Du 25 novembre 2022 au 12 février 2023, une cinquantaine d’artistes internationaux – acrobates, magiciens, équilibristes, clowns – vous feront vivre l’émotion avec, en plus, émotions et fous rires garantis. Le tout, bien sûr, sous la direction de Patrick Sébastien qui s’habillera encore une fois en Monsieur Loyal. 70 performances exceptionnelles à ne manquer sous aucun prétexte.
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