La série de six épisodes est sur Netflix depuis le 19 octobre. L’actrice cévenole Caroline Proust incarne un colonel prêt à tout pour sauver la cathédrale.
Vous êtes l’héroïne de “Notre-Dame la part du feu”, une mini-série sur l’incendie de la cathédrale, comment est né ce projet ?
Le réalisateur Hervé Admar a pensé à moi et Netflix l’a validé. Je suis très heureux de sortir de mon rôle de policier!
A-t-il été si difficile de quitter le personnage de Laure Berthaud d’Engrenages ?
Je suis content d’avoir vécu cette expérience Engrenages et c’est quelque chose qui me vit encore : 15 ans de vie d’un personnage qu’on a développé, on ne laisse pas pendre le manteau comme ça. Mais je paie un peu.
C’est-à-dire ?
Comme tous les acteurs de séries au long cours, il y a une sorte de fermeture dans le personnage qu’ils ont incarné, comme s’il prenait le dessus sur l’acteur. Ils me proposent encore des papiers de police, je leur dis : « stop ! », j’en ai déjà fait cinq différents, c’est énorme ! C’est pourquoi je suis très heureuse d’avoir joué ce personnage de Gabrielle Varez, très éloignée de Laure Berthaud, très “on” dans sa façon d’appréhender son métier de pompier.
Vous campez donc le colonel Varez, premier de la corde pendant que Notre-Dame brûle. Connaissiez-vous cet univers ?
Non, et j’étais immergé dans la caserne du 1er arrondissement de Paris, les pompiers m’ont traité avec beaucoup de gentillesse. A la BSPP (Sapeurs Pompiers de Paris), ils savent tout faire : réparer les camions comme cuisinier, et bien sûr ils ont les compétences pour apporter des secours à tous les niveaux. Qu’il s’agisse d’un incendie, d’un accident de la circulation, ils sont vifs, ce sont les meilleurs athlètes. Ce sont aussi de véritables héros, toujours discrets et courageux. Là c’était début 2021, en plein Covid, il y a eu des moments… Comme par exemple avec les jeunes qui avaient interdiction de sortir pendant le couvre-feu, ils avaient des soirées nocturnes et il y avait des accidents.
Vous y avez passé six mois !
Quand j’ai vu ce que faisaient les pompiers, je me suis entraîné à ne pas me ridiculiser, mon personnage est censé avoir 40 ans, je suis un peu plus vieux… Il fallait que je sois prêt. Un acteur c’est une voix et un corps, il faut le vivre, c’est ce que je dis aux jeunes comédiens. En France, on a tendance à être moins de corps que les anglo-saxons, mais c’est notre outil, il faut y travailler.

Caroline Proust partage une affiche avec Roschdy Zem
Les moyens humains et techniques déployés par la série étaient extraordinaires…
C’était vraiment un tournage américain. Nous avions des décorations car l’intérieur de Notre-Dame était inaccessible, encore en construction. Il y a eu un travail colossal sur les effets spéciaux : ils ont recréé une partie des décors de la cathédrale en studio, on a aussi fait une partie du tournage devant Notre-Dame, qu’on voit quand la caméra monte puis quand elle descend, sur fond bleu ce qui a été reconstitué qui est l’immeuble quand il n’y a pas de travaux. Le travail est énorme, 590 personnes ont travaillé sur cette série. On a aussi tourné à Bourges, dans la cathédrale. Le planning était particulier, pour une même séquence, par exemple le sauvetage d’un objet, on a filmé une partie à l’extérieur devant la place, puis en studio car on est censé être à Notre-Dame et une autre partie à l’intérieur et à l’extérieur du Cathédrale de Bourges.
Le feu est partout…
Oui, le feu est au cœur de la série, c’est comme un personnage. On tournait à balles réelles et je faisais des cascades sans me plier, en tenue de pompier pour être au plus près des flammes… Sur le plateau, les gens “s’échauffaient”, mais il n’y avait pas d’accident.
Que représente Notre-Dame pour vous ?
Je suis agnostique mais Notre-Dame porte un symbole très fort : c’est une cathédrale dédiée à Marie et le fait qu’elle brûle, symboliquement, est très émouvant. J’ai grandi dans les Cévennes, je suis très sensible à l’environnement et cet été ce sont les forêts, pour moi les cathédrales de la nature, qui ont brûlé. Quand quelque chose de sacré brûle, nous restons abasourdis et mécontents de ce qui se passe.
Dans la série, Notre-Dame devient un personnage et vous êtes une sorte de Jeanne d’Arc…
“Notre-Dame” est un hommage aux pompiers, les ouvriers du feu, ce sont eux, pas les politiques ou les quidams qui sont là et qui savent mieux que tout le monde ce qu’il faut faire… La colonelle est prête à donner sa vie. Elle va au sacrifice car ce qui compte c’est de sauver un monument pour les catholiques mais aussi pour tout le monde, elle est prête à donner sa vie pour Notre-Dame.
L’ancienne héroïne de la série Engrenages soutient le combat de la police judiciaire
La fronde de la police judiciaire qui refuse sa fusion départementale avec la police de sécurité publique est soutenue par l’ancienne héroïne de la série Engrenages. “Ça continue d’être la série la plus proche de la réalité de ce que vivent les policiers, ils l’apprécient. Les policiers avec lesquels je suis en contact m’ont demandé pourquoi il était important que la personne qui jouait le capitaine Laure Berthaud les soutienne. J’ai dit “oui” car ils se mobilisent pour un système qui fonctionne bien. Oui, il y a des problèmes de délinquance, mais ce n’est pas mettre la PJ en faveur de la police nationale que « nous allons tout arranger ». Si on dit que la PJ va faire des procurations au lieu de continuer son enquête, c’est un problème, je me souviens que dans la saison 4 de Gears, quand le préfet nous demande d’aller chercher les colliers en or parce que les citoyens en ont marre, on se dit “mais on travaille avec les terroristes, on ne peut pas”. Je vois aussi que François Molins et les autres magistrats sont opposés, je me dis que les politiques peuvent se poser des questions. Lorsque les gens sur le terrain se mobilisent, il est payant de les écouter. . ter, et c’est aussi vrai pour la santé ou les enseignants”.
Votre autre nouvelle est cette fusillade pour la cause des violences faites aux femmes.
Oui, j’ai filmé cette semaine pour une diffusion le mois prochain sur France Télévision. Emmanuel Noblet met en scène des extraits de 22 actrices du livre de Gulia Foïs « Je suis une de deux ». Il faut dire “ça suffit”, Giulia a été violée alors qu’elle travaillait au festival d’Avignon par un homme qui n’a pas été condamné bien qu’elle l’ait formellement reconnu.
D’où est venue cette idée ?
Emmanuel Noblet a proposé le projet, il nous a dit qu’il était inquiet quand on lui a posé toute la question de savoir pourquoi un homme a abordé le sujet. Elle sera diffusée le jour de la lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre. C’est un thème principal.
Parfois le cinéma est pointé du doigt, où est la lutte féministe ?
Ce n’est pas fini du tout, ne lâchez rien. Regardez récemment la couverture du “film français” sur le cinéma de demain, avec que des garçons et des blancs, on se dit : “Ah, tiens, ça date de 1990” Non, c’est 2022. Après, les hommes font plus attention que avant et qu’il ne faut pas tomber dans le piège inverse et être terrorisé par les femmes.
La série en six épisodes est disponible à partir du 19 octobre sur Netflix.
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