Les maniaques du sexe, les hommes ? Les idées reçues sur la sexualité les hommes ont la peau dure que Maïa Mazaurette ne caresse pas dans le sens du poil. pour son documentaire Désir : ce que veulent les hommesDiffusion ce mercredi à 21h10. CMTle chroniqueur et « expert du sexe » de du quotidien mené l’enquête. Il recueille les témoignages des premiers intéressés, assiste à un atelier dédié à l’exploration de plaisir de la prostateil a été invité dans les vestiaires d’une équipe de rugby… Ce qu’il y a découvert contredit bien des clichés et des préjugés.
En mars, vous avez consacré un documentaire au désir féminin. Parler de désir masculin était une suite logique ?
Ils l’attendaient avec impatience, même si cela ne m’était pas venu à l’esprit. La première chose que les gens ont vue le premier documentaire m’a dit, c’est qu’ils voulaient absolument avoir la même chose pour les hommes. J’ai reçu des centaines de messages sur Twitter et Instagram le soir de la diffusion de téléspectatrices me disant que voir des femmes célèbres ou anonymes mettre des mots sur le désir leur permettait de faire le point sur ce qu’elles ressentaient et qu’elles souhaitaient que les hommes puissent en bénéficier à leur tour. de ce type de témoignage.
Vous avez dit que vous n’aviez aucun problème à trouver des femmes prêtes à témoigner sur leur sexualité. Était-ce si facile de convaincre les hommes de faire de même ?
Trouver des hommes qui veulent parler de désir, c’est bien. Mais la vraie question est : sont-ils capables d’en parler simplement ? A notre grande surprise, c’était plus compliqué. Pour le documentaire avec les femmes, les entretiens ont duré une heure. Pour les hommes, cela prend une heure et demie à chaque fois. Il avait besoin de plus de temps pour qu’ils se détendent. Les femmes ont une culture de partage et de témoignage autour de la sexualité, alors que chez les hommes, ce n’est pas une question de pudeur mais de manque de pratique pour s’exprimer sérieusement sur la sexualité. De nombreuses personnes interrogées avaient des stratégies pour éviter de répondre aux questions.
C’est-à-dire ?
Par exemple, certains ont utilisé l’humour. Nous avions des gars qui faisaient des croquis pour nous, c’est un mécanisme de défense. Nous avions des hommes qui prétendaient être des experts. Par exemple, si je demande “Que voyez-vous comme pornographie ?” », ils m’ont dit « Les hommes, en général, regardent tel ou tel type de pornographie… » Cependant, la question portait sur des sentiments réels et personnels. J’ai vu que les hommes n’étaient pas forcément à l’aise pour parler de leurs envies. C’est paradoxal car on dit souvent que le désir est le territoire des hommes, qui s’y sentent très à l’aise.
Il y a beaucoup de tabous…
Il existe de nombreux tabous liés au fait de ne pas s’en tenir à un idéal de masculinité dans la sexualité. Être super efficace, vouloir tout le temps, ne pas avoir de défauts… Dès qu’on s’en sort, ça se complique. Désir prostatique, on sait qu’il touche en réalité un quart des hommes qui l’ont déjà essayé. Nous avons cependant eu beaucoup de mal à trouver les témoins car cela ne correspond pas à cet idéal de virilité triomphante où l’homme est forcément actif. Nous l’avons également vu dans la question de la violence sexuelle, lorsqu’on leur a demandé s’ils s’étaient déjà forcés à avoir des relations sexuelles, beaucoup ont répondu oui. Et cela ne correspond pas non plus au type de contrat que les hommes signent avec virilité. On peut se dire qu’on est à cinq ans du #metoo, que les hommes ont commencé à se déconstruire, mais on sent que c’est quand même compliqué.
La responsable de l’atelier dédié au plaisir de la prostate explique que la grande majorité des inscrits sont des hommes hétérosexuels. Ces derniers ne sont-ils pas en train de faire leur « révolution » sexuelle ?
L’homme qui a accepté de vivre cette expérience [l’atelier sur le plaisir prostatique] chez nous il est jeune, mais les autres participants au cours avaient pour la plupart plus de 60 ans. J’en ai discuté avec eux. Le moment où les hommes acceptent de défier leur désir et leur sexualité survient lorsqu’ils ont atteint la limite de ce qu’ils pouvaient faire avec des normes très contraignantes pour eux (vouloir tout le temps, ne jamais avoir de panne érectile, etc…). Quand l’andropause sonne, le besoin s’impose de me dire : « Je vais faire un peu moins confiance à mon pénis et retrouver la sensualité. Ainsi, la révolution sexuelle des hommes à utiliser tout leur corps : testicules, poitrine, prostate, etc. – n’est pas utilisé par les jeunes. Je trouve cela assez intéressant et passionnant. Cela dit, la persistance de normes de genre très fortes qui pèsent sur les hommes, mais on voit bien qu’il y a une porte de sortie. Le discours public nous dit qu’à plus de 50 ans on est en burn-out sexuel, mais j’ai pu voir que c’est justement l’âge auquel on peut se réinventer beaucoup plus librement.
Vous avez déjà une idée du sujet de votre prochain documentaire ?
j’en ai 180 ! Il y a tellement de thèmes. Là on parlait de désir, maintenant je voudrais parler de plaisir. Il ne faut pas laisser de côté les gens qui ont un rapport plus compliqué à la sexualité, ceux qui ne s’intéressent pas au sexe. J’aimerais aussi faire quelque chose sur la technologie, les jouets sexuels. Je suis passionné, j’ai envie de faire des heures et des heures de documentaires.
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