Dans la nuit du dimanche 9 octobre, alors que le mouvement de grève venait de se relancer dans plusieurs raffineries de TotalEnergies, la direction a décidé de communiquer sur la rémunération de certains salariés du groupe. « La rémunération mensuelle moyenne d’un opérateur de raffinerie TotalEnergies en France en 2022 est de 5 000 euros bruts par mois, participation aux bénéfices incluse. [4 300 euros par mois hors intéressement]», Nous pouvons lire Le lendemain, l’information est diffusée dans les médias. A propos de France Inter, le journaliste économique Dominique Seux indique donc qu’un « Un ouvrier 3/8 d’une raffinerie TotalEnergies en Normandie a un salaire annuel brut moyen de 40 000 euros bruts, auquel s’ajoutent des primes de travail et d’ancienneté, ainsi que d’autres éléments variables. Sans oublier l’intéressement et la participation.
La “participation aux bénéfices”, liée aux résultats de l’entreprise, était, en 2022, d’au moins 7.250 euros par an et par salarié. Pour rappel, TotalEnergies gains enregistrés exceptionnelle en 2021 et 2022.
“Total, poursuit le directeur adjoint de Echos, c’est plus près de 70 000 euros bruts par an que de 60 000, et la participation sera bien supérieure cette année, avec les résultats exceptionnels de l’entreprise. Dans la version retranscrite de l’éditorial, publiée sur le site de France Inter, on peut lire une phrase qui nuance légèrement la problématique : “Ces chiffres sont évoqués par l’entreprise, on imagine que s’ils ne sont pas exacts, la CGT les démentira.” Une précision qui ne s’est pas prononcée à l’antenne, explique Dominique Seux à consulter les actualités, parce que « Nous étions pressés [l’interview d’]Orelsan », prévu immédiatement.
“On ne sait pas d’où vient ce chiffre”
Dans la journée, Emmanuel Lépine, secrétaire général de la CGT de la Fédération nationale des industries chimiques (FNIC), “officiellement contesté”en RTL, le chiffre de 4.300 euros bruts fourni par la direction, évoquant plutôt une rémunérationn « environ 3 000 euros pour des postes hautement ou très qualifiés ». Contacté, Thierry Defresne, secrétaire de la CGT du comité européen TotalEnergies, affirme que les 4.300 euros (ou 5.000 avec intéressement) « introuvable dans les documents officiels remis aux représentants du personnel ». “On ne sait pas d’où vient ce chiffre”, commentaire. Le communiqué de Total n’a pas seulement bouleversé la CGT. Juge “maladroit” par Geoffrey Caillon, délégué CFDT chez TotalEnergies, ou “énervant” par son homologue de Force Ouvrière, Hakim Bellouz, il est également interrogé sur le fond. « On est d’accord pour calmer le jeu, mais on trouve ça un peu exagéré. Ce chiffre reste une moyenne, il y a un écart entre les managers et les autres. Nous avons des employés qui gagnent beaucoup moins.commente Geoffrey Caillon. “Qu’ils exposent tous les niveaux de salaire pour qu’on voie la différence”ajoute Hakim Bellouz.
Les fiches de paie des ouvriers en poste dans les raffineries Total et ExxonMobil ont été publiées sur les réseaux sociaux, révélant des revenus bien inférieurs à la moyenne communiquée par Total.
Salaire d’un opérateur posté confirmé ExxonMobil base : 2 243 € brut taxes 3 241 € et net y compris toutes primes de pénibilité du fait de la rotation continue 5×8 2 542 €. Participation et intéressement 2019 : 21 € et 455 €… pic.twitter.com/7ltsmvu4s6
— cgt exxonmobil (@cgtexxonmobil) 11 octobre 2022
Contacté, un salarié de TotalEnergies‚ souhaitant rester anonyme, a détaillé sa rémunération en Pour regarder les nouvelles. « Je suis négociant pour compte de tiers depuis six ans, c’est un poste débutant chez Total. La convention collective donne un indice de 185, mais comme j’ai plus d’un bac+2, j’ai un coefficient de 215, soit environ 2 100 euros bruts », il explique. Les salariés perçoivent également 1% de plus par année d’ancienneté jusqu’à 20 ans et sont payés en 13,77 mois payés en quatre tranches.
Une moyenne très variée dans les calculs de Total
A cela s’ajoute une prime de poste mensuelle de 500 euros, liée au rythme 3/8, c’est-à-dire à un rythme de travail organisé en 24 heures avec trois équipes qui se relaient toutes les huit heures pour assurer la continuité de l’activité, même la nuit, les week-ends et jours fériés. La prime de poste, élément essentiel de la rémunération, compense le rythme ardu imposé à ce type de poste. Il est de 18 % pour 3/8 salariés et de 8 % pour 2/8 salariés (lorsque deux équipes se relaient pendant 16 heures). “Tour [en 2021, ndlr] environ 2 500 euros net hors taxes », résume l’opératrice, syndiquée à la CGT. Et avec les 1,7 mois supplémentaires par an, environ 2 800 euros nets par mois en moyenne (34 000 par an), soit près de 3 300 euros bruts par mois, sans participation ni participation.
Selon Total, la moyenne de 4 300 euros bruts hors participation aux bénéfices et hors participation d’un “opérateur de raffinerie” (environ 15 % des quelque 14 000 salariés concernés par le conflit social en cours dans le groupe) comprend les mêmes éléments de rémunération. Mais la compagnie pétrolière a choisi de regrouper sous ce vocable opérateur “le chef d’équipe en tant qu’opérateur externe”elle confirme Pour regarder les nouvelles, c’est-à-dire un salaire moyen nécessairement très varié. Contactée, l’Union française des industries pétrolières (Ufip) indique que le minimum conventionnel (hors primes) d’un opérateur extérieur est compris entre l’indice 185 et 250, soit, brut, entre 1 958 euros et 2 456 euros, selon l’échelle actuelle au 1er janvier 2022. Le chef d’équipe perçoit un salaire mensuel minimum compris entre 2 815,86 euros (indice 290) et 3 266 euros (indice 340). “A noter que dans la branche, 85% des salariés gagnent un salaire supérieur de plus de 10% au minimum conventionnel”nous assurent-ils, sans préciser s’il s’agit de toutes sortes de postes.
Leave a Reply