
Pour Thomas Voeckler, les choses sont claires. Ce dimanche 25 septembre, le sélectionneur de l’équipe de France joue “la victoire” dans la course en ligne des Championnats du monde de cyclisme sur route (Eurosport à 2h15 et France 3 à 5h). Rien de moins. A Wollongong, dans le sud-est de l’Australie, le Vendéen a un statut à défendre. Depuis deux ans, le maillot arc-en-ciel est sur les épaules d’un de ses hommes, toujours le même : l’attaquant Julian Alaphilippe.
Sa participation, à un moment incertain, après une chute qui l’a contraint à l’abandon du Tour d’Espagne le 31 août dernier, d’accord du voyage en nouvelle galles du sud, où il aspire à un troisième titre consécutif. Un exploit qui n’a été réalisé que par le Slovaque Peter Sagan (2015 à 2017) en un siècle d’histoire de la compétition.
La France a “pratiquement la meilleure équipe” de cette édition, plaide l’ancien cycliste Jacky Durand, consultant Eurosport. Pour autant, elle ne repart pas avec le statut de favorite. La raison ? Comme son champion n’a pas roulé depuis sa mésaventure de la Vuelta, des doutes subsistent sur sa forme. A quelques jours de l’échéance, Thomas Voeckler lui-même a glissé que les attentes du groupe tricolore ne pouvaient se limiter à Julian Alaphilippe. “Si on regarde la composition du groupe, il y a, selon les scénarios de course, plusieurs gars qui ont des chances d’être champions”Avancée.
Huit plus un pour la France
Avec une place réservée au starter quel que soit le quota de huit coureurs auquel il a droit, la France sera la seule nation à neuf hommes au départ ce dimanche. Parmi eux : Christophe Laporte, seul vainqueur d’étape français sur le Tour en 2022 –et coureur pour le reste de l’année dans l’équipe Jumbo-Visma du grand favori belge Wout van Aert–, le grimpeur Romain Bardet ou encore le polyvalent Valentin Madouas, en pleine forme.
Mais c’est surtout Benoît Cosnefroy qui concentre les espoirs, après sa victoire au Grand Prix de Québec, le 9 septembre, lors de laquelle il a dominé certains des prétendants au titre mondial. Surtout du circuit de montagne de Wollongong “ça lui va parfaitement”, selon Voeckler. Le Normand, qui avait initialement rejeté toute participation à la Coupe du monde, est arrivé à la surprise générale lundi soir en Australie. Ce qui donne au pilote de l’équipe AG2R-Citroën des airs d’homme providentiel.
Cyrille Guimard ne le pense pas. “Dans une course incontrôlée ou un peu sauvage, il a les qualités pour aller chercher la victoire, c’est clair… Mais pas dans un seul poste de leader”, souligne le prédécesseur de Thomas Voeckler à la tête de l’équipe nationale. Aux yeux de l’ancien directeur sportif, Benoît Cosnefroy est encore un cran en dessous des têtes d’affiche mondiales, comme Wout van Aert, son compatriote Remco Evenepoel, le Néerlandais Mathieu van der Poel ou le Slovène Tadej Pogacar.
L’importance d’un “grand leader”
« Nous avons trois ou quatre coureurs capables de monter sur le podium. Mais, après deux titres mondiaux, va-t-on se contenter de la troisième place ou va-t-on tout miser sur un pilote capable de viser la victoire ? »l’ancien porteur de ballon Jacky Durand fait semblant de s’interroger. Avec moins de garanties que lors des deux éditions précédentes, la meilleure carte des Blues reste Julian Alaphilippe. « Sur le papier, sa préparation était idéale : quelques jours à la Vuelta a España, un peu de récupération et les championnats du monde. En attendant, il y avait cette chute. Il n’a pas beaucoup communiqué là-dessus, mais, à mon avis, s’il est présent au début des championnats du monde, c’est parce que les dix derniers jours ont été concluants en termes d’entraînement.analyse le commentateur d’Eurosport.
Quel que soit le niveau de performance du natif de Saint-Amand-Montrond (Cher), il sera le fil conducteur de l’équipe de France, assure Cyrille Guimard. “L’incertitude est de savoir s’il joue à 100% ou à 80%. » Et développer : « S’il joue à 80 %, cela veut dire qu’il est au niveau des autres coureurs du groupe et donc les stratégies, les mouvements de course seront différents. Mais c’est lui qui donnera le “la”. Un grand leader peut aussi permettre à ses coéquipiers de viser la victoire. »
arme secrète
Invité par le journal belge Un journal Pour se prêter au jeu des favoris, l’Erythréen Biniam Girmay – homme à surveiller ce dimanche – a fait appel à Wout van Aert, Mathieu van der Poel et le sprinteur-puncheur australien Michael Matthews, galvanisés par une date à domicile. Mais pas Alaphilippe. Cette “dégradation” des Français permet-elle aux Bleus de décharger une partie du poids de la course ? «Julian est encore bien connu de ses adversaires.Guimard balaie. Les grands favoris le regarderont comme du lait en feu, vu qu’il est à 100%. »
Reste que l’équipe de France aura peut-être aussi, le moment venu, une arme secrète. « Thomas Voeckler a parfois inventé des tactiques un peu surprenantes, comme l’an dernier lorsqu’il a décidé de durcir la course très loin de l’arrivée.se souvient Jackie Durand. Il a cette expérience du terrain et connaît très bien ses coureurs. » D’un autre côté, La course sur route de 267 kilomètres arrive à la fin d’une longue saison, lorsque la fatigue accumulée peut entraîner des échecs inattendus. “Ce ne sont pas toujours les grands favoris qui gagnentVoeckler répète. On peut avoir des surprises dans un championnat du monde, c’est fini. »
Longtemps, les Français ont limité leurs ambitions à “meilleur résultat possible” lors des Coupes du monde, se contentant d’une cinquième ou sixième place. Maintenant la doctrine a changé, insiste Durand : « Hit or miss. Nous sommes champions du monde ou nous sommes 25ᵉ. Si oui, ça va, nous avons tout essayé. »
Le parcours de la course sur route : 267 km cahoteux qui peuvent “créer des scénarios de course très différents”
La course en ligne des mondiaux, le dimanche 25 septembre, se déroule sur un parcours de 266,9 kilomètres au profil montagneux. Le peloton partira d’Helensburgh, au sud de Sydney. Il couvrira une trentaine de kilomètres relativement plats le long de l’océan Pacifique Sud, avant une boucle de 34,2 km, marquée notamment par l’ascension du mont Keira : 8,7 km, avec une pente moyenne de 5 %. Les pilotes entreront ensuite sur le circuit urbain de Wollongong (17,1 km) pour douze tours. Mount Pleasant -7,7% en moyenne sur 1,1 km-, dont le sommet pointe à 6,9 km de l’arrivée, servira de rampe de lancement aux “hitters”, ces coureurs capables de creuser des trous assez rapidement dans des montées courtes mais raides. “Nous avons une piste qui peut créer des scénarios de course vraiment très différents. C’est pourquoi j’ai constitué une équipe un peu hétéroclite.a fait valoir, avant le départ, le sélectionneur de l’équipe de France, Thomas Voeckler.
Leave a Reply