Il en avait rêvé l’an dernier avant de finir au pied du podium, un peu déçu, et nous avec lui. Mais la saison fulgurante de Karim Benzema, meilleur buteur du championnat espagnol et de la Ligue des champions, ne laisse pas le choix aux jurys du Ballon d’Or. Le désormais mythique attaquant du Real Madrid deviendra le premier joueur français à recevoir la plus haute distinction depuis son ancien l’entraîneur Zinedine Zidane. Vingt-quatre ans d’attente pour une vertigineuse explosion des sens en fin de vie. Longtemps, KB 9 a véhiculé l’idée d’un talent à temps partiel, avant de prendre une dimension inattendue. « 20 minutes » lui consacre une série d’articles avant le jour J. Premier épisode ce vendredi : Benzema vu par les coachs qui l’ont entraîné ou accompagné.
Dessiné en octobre 2021 dans une interview donnée par Karim Benzema au journal sportif madrilène Quoila phrase a tout du bon vieux cliché : « J’ai rêvé depuis que je suis enfant de gagner La boule d’or. » Il est pourtant à moitié validé par Armand Garrido, qui veillait sur le natif de Bron dans ses toutes jeunes années à Lyon.
“On n’en a jamais parlé, mais j’ai compris que secrètement ça faisait déjà partie de ses envies”, souligne l’ancien entraîneur de l’OL. En revanche, il m’a parlé du Real Madrid, surtout parce que son idole Ronaldo [le Brésilien] Je jouais là-bas. C’était déjà un rêve fou à mes yeux. Et s’il m’avait parlé du Ballon d’Or à ce moment-là, je lui aurais dit d’arrêter de rêver. En tant qu’entraîneur, nous devions garder des plans raisonnables et notre objectif était de faire de Karim un joueur professionnel. Je pense que c’est un objectif réussi…”
La Vendée a tout changé
En avril 2004, Armand Garrido avait amené le petit prodige, à peine âgé de 16 ans au prestigieux tournoi de Montaigu Vendée, en compagnie de Loïc Rémy, Anthony Mounier ou Sandy Paillot. Une compétition survolée par la suite, que l’heureux coach a pu savourer : « Notre 10 a montré son talent en finale [deux buts marqués contre Nantes]. Il rentre bien dans le moule et est rarement pris en flagrant délit d’individualisme excessif. »
Si Alain Olio, alors directeur du centre de formation de Lyon, avait déjà signalé à deux reprises ce talent rare à la FFF, il semblait prêt à passer son tour et à rater la Coupe d’Europe U-17 un mois après Montaigu, contrairement à ses pairs du club Hatem. Ben Arfa et Rémy. Riou. “Un groupe s’est formé sans Karim en équipe de France et il avait presque un an de moins que les autres [Benzema est né le 19 décembre 1987], a remplacé Armand Garrido, alors sélectionneur de l’OL U-16. Il est né vers l’âge de 16 ans. »
La majorité René Girard, présent en Vendée avec l’équipe de France des moins de 16 ans, y est passé. « Je ne le connaissais pas particulièrement et je le trouvais phénoménal, impressionnant, se souvient le champion de France 2012 avec Montpellier. Comme Philippe Bergeroo [sélectionneur des U17] Il m’a dit qu’il avait besoin d’un attaquant pour que son groupe soit parfait, j’ai conseillé Karim. De là à penser que ça pourrait être Ballon d’Or, je ne vais pas aller jusque-là. Par contre, s’il ne l’a pas cette année, je ne comprends rien au football. »
La tendance est la même du côté de Bergeroo, qui l’a accompagné pendant trois saisons, du Sub 17 au Sub 19, l’explosion bleue du futur quintuple champion de la Ligue des champions. « Je ne peux pas dire que j’ai vu le Ballon d’Or à ce moment-là, explique l’ancien entraîneur du PSG et de l’équipe de France féminine. Mais c’est le joueur qui m’a le plus surpris, l’attaquant qui avait le plus de qualités, devant le but grâce à sa technique, mais aussi dans ses déplacements. Personne ne pouvait l’attraper ! »
Les Espagnols sous le charme depuis 2005
Suivant les recommandations de René Girard, l’entraîneur basque avait mis les Lyonnais à l’épreuve pendant une semaine, forcément plus que convaincants, et les avait emmenés jouer le fameux Euro gagné par Blueberries à domicile.
Il n’avait pas beaucoup joué parce qu’on avait une équipe bien rodée, détaille Bergeroo. Mais la saison suivante, quand la coupe méridienne, a fait un tournoi exceptionnel. Il était passé par les Nasri, Ménez et Ben Arfa. Il les avait mangés en un an. Même les Espagnols, qu’on avait dans la poule, m’ont dit : « mais quel joueur ! Quel joueur !!! « Je me suis dit que j’avais fait des progrès exceptionnels et que je n’étais pas encore arrivé au bout. »
loin de là Il suffit de rappeler la métaphore des « 30 millions d’amis » de José Mourinho en décembre 2010, pour lui voler un KB9 trop inefficace à son goût, un an et demi après son arrivée au Real Madrid : « Si vous n’avez pas un chien pour aller chasser mais tu as un chat, alors tu vas avec le chat. Tu chasses moins, mais tu chasses quand même. le félin lyonnais s’expliquait à quatre yeux avec son entraîneur, alors au faîte de sa gloire. Du haut de son ego surdimensionné, la Spéciale à ce moment-là était reconnaissante de voir le jeune Lyonnais oser l’affronter. A partir de cet épisode, le respect allait être réciproque.
Avec ou sans Mourinho, parti en 2013, Benzema a passé plusieurs saisons dans la peau du lieutenant d’un autre Portugais, collectionneur de Ballon d’Or (2013, 2014, 2016, 2017 avec le Real, après 2008 à Manchester United).
« Karim est en fin de carrière et aurait pu être couronné plus tôt, observe Alain Perrin, qui a managé l’attaquant des Bleus à l’OL lors de la saison 2007-2008. S’il ne l’était pas, c’est parce qu’il avait encore besoin de travailler sur des choses. Pendant quelques années, il a été dans l’ombre de Cristiano Ronaldo et il fallait qu’il ait cette force de caractère pour suivre sa progression, alors qu’il était tout près de s’égarer. La Real l’a soutenu et récolte les fruits de la fin de sa carrière. Je pense que c’est ton année. »
Exclu des Bleus pendant cinq ans et demi pour une obscure sextape, spectateur lointain du duel CR7-Messi pour la remise du trophée individuel suprême, coéquipier du vainqueur 2018 Luka Modricun finaliste de la Coupe du monde en Russie vu de son canapé… Le Ballon d’Or pour Benzema a longtemps semblé une quête aussi futile que le Bouclier de Brennus pour Clermont, qui a débuté pour la première fois en 2010 après avoir perdu 10 finales.
Alors qu’aujourd’hui, ce prix est évident pour presque tous les observateurs de football. Ça aurait été tout sauf scandaleux l’année dernière, quand Zinédine Zidane, le dernier vainqueur français en 1998, a plaidé sa cause. En vain, même s’il ne s’agissait que d’un sursis pour un attaquant que Zizou a soutenu jusque dans ses pires moments vécus à l’intérieur de la Maison Blanche, quand 99% de ses coéquipiers l’auraient envoyé au bout du banc.
“On parle d’un joueur qui mérite de gagner ce Ballon d’Or, il était tombé l’ancienne icône bleue sur le plateau de Téléfoot, en octobre 2021. C’est un joueur incroyable, j’ai eu le grand honneur de l’entraîner. Il s’associe facilement aux autres. Il sait tout faire sur le terrain. »
La possibilité d’un Ballon d’Or à 20 ans
Des caractéristiques qu’Alain Perrin avait déjà pointées du doigt plus d’une décennie auparavant. “Quand on voit ce qu’il était capable de faire avec 20 ans de Ligue des champions, qui pour moi est la référence… Quand on jouait contre Barcelone ou Manchester United, il n’avait rien à envier aux vainqueurs du Ballon d’Or comme Messi ou Cristiano Ronaldo”. , sinon l’expérience. En tant que joueur, j’avais déjà tout le bagage. Très vite, il signe au Real Madrid. Quand un club du Top 5 mondial s’intéresse à vous, c’est parce qu’il pense que vous avez le potentiel pour remporter le Ballon d’Or.
Les anciens entraîneurs de Karim Benzema s’apprêtent à savourer ce lundi “la consécration d’une carrière exceptionnelle, celle d’un joueur parti dans un petit club de quartier”. [le SC Bron Terraillon] devenir le capitaine du plus grand club du monde, et ainsi l’un des rares Ballon d’Or français de l’histoire », résume Armand Garrido. “Il le mérite cent fois”, confirme Philippe Bergeroo. Avant de glisser dans un sourire : « Et donc, ça me permettrait de dire que je me suis entraîné pour un Ballon d’Or, quand même pas mal ! “.
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