Hugo Besson cloue 18 points à Pau, Victor Wembanyama plus discret

Cette saison, le basket francilien est choyé : Ismael Kamagate, Juhann Begarin, Axel Toupane et le Championnat d’Europe à Paris, les vieux bâtons d’Edwin Jackson à Nanterre, Vincent Collet, Hugo Besson et Victor Wembanyama sous les projecteurs de Marcel – Cerdan. Grand dilemme ce mardi donc, au moment de choisir notre rendez-vous du soir. Derby Nanterre – Paris Basket, ou la réception de Pau par Levallois ? Nous avons lancé une pièce et elle a atterri sur… Victor Wembanyama.

Toujours super d’avoir Marcel Cerdan, la seule salle capable d’accueillir plusieurs milliers de spectateurs et de les faire pisser dans un dojo. j’ai le malheur de demander ” Où sont les toilettes ? “et les yeux opposés s’écarquillent comme si la question était interdite. “Euh, tu dois descendre les escaliers normalement, c’est les escaliers là-bas”. Un escalier qui vous emmène six pieds sous terre, dans une grande allée où résonnent les bruits des corps jetés contre les tatamis. C’est aussi la beauté du championnat de France. Une proximité dont on aime bien se moquer, mais qui nous manquerait si une sorte de faux prestige nous en arrachait.

Bonjour, les places sont-elles prises ici ? »

” Je suis désolé je ne parle pas français “

« Oh, ok, les lieux sont en colère, sont-ils sales ? »

« Non, non, c’est gratuit, vous pouvez vous asseoir ici »

Très opportuniste pour presser cette plate-forme et ses vassaux commandés par la grandeur américaine. Généralement parsemée d’une poignée de silhouettes, elle est, en attendant, peuplée de journalistes venus jouer les explorateurs et “cliquer” avec leurs stylos Bic. La personne qui parle dans la langue de Shakespeare ne travaille pas pour Midi Olympique ou Voix du Nord. C’est une femme brune, la trentaine, assez costumée -sûrement pour le cocktail de fin de match- qui semble être en pleine découverte de la rusticité du basket français. Elle est venue de loin pour assister aux trois premiers matchs des Metropolitans de 1992. Son rédacteur en chef du New York Times (oui oui) il fallait lui envoyer gratter, feuilleter et décortiquer le portrait du futur numéro 1 de la Draft 2023, le plus grand espoir du basket mondial depuis LeBron James en 2003 : Victor Wembanyama. Il se retrouve finalement au milieu d’une dizaine de geeks tenant leur iPhone debout, pointant du doigt une silhouette de 2m21, attendant le moindre ressortir pour l’envoyer sur les réseaux. Ça a son charme, tant qu’on prend du recul et qu’on ne néglige pas les neuf autres joueurs sur le terrain. Il n’y a pas que Vico dans la vie, et hier le jeu nous l’a rappelé.

Trois fautes en première mi-temps -dont une un peu sévère- et un rouleau de scotch qui partait du quadriceps fémoral sous le banc : Víctor n’a joué que 4 minutes en première mi-temps, pour 0 point, 4 rebonds et 1 échappé. On aurait pu se consoler avec un bon match Betclic Elite, toujours face à Levallois contre Pau, deux équipes qui ont disputé les Playoffs 2022, mais même pas. L’attirance pour Michael Stockton, le fils de son père et métronome du jeu palois, a réussi confinement pour la défense d’Ile-de-France. Cela et une panne de gestion (1/12 triplés à la mi-temps) ont fait que les visiteurs n’ont marqué que 21 points dans le premier acte, contre 35 pour les Mets : c’était affligeant. Rayon de lumière dans le brouillard, Hugo Besson est déjà à 9 pointsrasé en stock bon Venice Beach, bonne cuisine individuelle, bon « Écartez-vous et laissez-moi faire ! ». Une facilité parfaitement amortie par Vincent Collet dans la conférence d’après-match : “Individuellement, ils [Besson et Wembanyama] ils sont déjà forts, maintenant ils doivent apprendre le reste ».

Le suspense est définitivement couvert de terre quand aux abords du vestiaire, Victor Wembanyama passe deuxième. La réunion se terminera à 10 points sur 3/10 au tir, 8 rebonds, 3 passes et 3 contres. Une feuille de match qui paie bien compte tenu des difficultés rencontrées face à la bête physique Vitalis Chikoko, alias l’enclume béarnaise. Ce dernier est cependant passé à la casserole sur un vol de notre jeune crack.

La capacité de Victor à tirer une action spectaculaire du jeu moyen sera source de division. Phénomène surmédiatisé qu’il est, chacune de ses actions diffusées sur les réseaux peut désormais faire l’objet d’une « C’est sa seule action positive du match. Vous vous trompez un peu là…”. Être ou ne pas être, diffuser ou ne pas diffuser. La meilleure formule serait alors de publier l’action en question sans encombrer sa description de superlatifs, afin de ne pas fausser la perception de ceux qui ne sont pas aux avant-postes du jeu. A force de relais dont il n’est visiblement pas l’auteur, d’éloges maladroits, d’émoticônes de laquais, certains détestent déjà Victor Wembanyama sous couvert d’une forme de“arrogance”. Calmez-vous les gars, ça n’a rien à voir avec ça. Pour preuve, Hugo Besson a terminé la rencontre avec 18 points tir 6/8, 2 rebonds, 4 passes décisives, 1 contre et 1 échappé, et absolument personne n’a été influencé par sa performance. Il est pourtant le 58e choix du dernier repêchage et appartient aux Milwaukee Bucks, mais on parlera plus d’un match moyen de Victor Wembanyama que d’une très belle prestation d’Hugo Besson. Nous avons une saison pour apprendre à bien faire connaître Victor, sans que d’autres joueurs très prometteurs ne s’effacent dans son ombre.

Heureusement, Vincent Collet n’est pas twitteur et il a su, avec toute la retenue qui est la sienne, trouver les mots justes pour saluer la prestation d’Hugo. Après il continue d’être un coach à l’ancienne hein, l’autre va cuisiner des pères et demander 18 points, mais Vinz’ préfèrera mettre en avant sa bonne défense. Un bon complément à notre analyse, cool.

« Il a fait un effort défensif qu’on ne lui connaissait pas. Je l’ai déjà félicité. Quand il est arrivé et que je ne le connaissais pas, j’étais un peu bouleversé par ce qu’il faisait en défense… ou plutôt ce qu’il ne faisait pas ! *rires* » – Vincent Collet, entraîneur des 92 Metropolitans

rideau tiré sur ce Prince match entre Levallois et Pau-Lacq Orthez, le premier à domicile pour Victor Wembanyama, et direction la réception de Portel vendredi. On ne vous force pas à chercher, mais on vous glisse quand même une petite friandise : le secteur intérieur des nordistes est loin – loin – d’être leur point fort.

Merci à “@_ad.visual_” sur Instagram pour leurs photos.

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