© Erick Fontaine / Numérique
Aux États-Unis, le pick-up est une véritable institution, comme le football américain ou la bière Coors. Il n’y a pas un seul constructeur américain qui ne propose un pick-up dans sa gamme. Même Nissan avec le Titan et Toyota avec le Tundra ont emboîté le pas. Ce dernier avait d’ailleurs marqué certains esprits lorsqu’en septembre 2012 un Tundra avait été aperçu tractant les 136 tonnes de la navette spatiale américaine Effort.
Certains des camions américains les plus emblématiques incluent le Dodge Ram, le GMC Sierra, le Chevrolet Silverado et, bien sûr, le roi de la catégorie, le Ford F150. Ils ont tous en commun d’avoir des moteurs à essence V6 et V8, voire un diesel pour le GMC Sierra 3500 HD.
Mais à l’heure où les enjeux climatiques sont devenus une priorité mondiale, ce type de véhicule semble anachronique, sauf peut-être à passer à l’électrique. Si pour certains c’est une hérésie, le pragmatisme des thèmes prime. Restait à savoir qui oserait le premier avec cette sourdine électrique.
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Enfin, Ford a été le premier à dégainer avec son F150, le pick-up le plus vendu aux États-Unis. Après un brève collaboration et 500 millions de dollars d’investissements dans Rivian, Ford a décidé de faire cavalier seul avec le F150 Lightning, le premier pick-up électrique à quatre roues motrices de Blue Oval. Le constructeur a certainement mis le doigt sur le clou, puisque deux jours après l’ouverture des précommandes en mai 2021, 44 500 clients potentiels avaient versé un acompte.
taille exceptionnelle
A défaut de sillonner les grandes plaines de l’Ouest américain au volant de ce F150 Lightning, c’est au circuit UTAC-Ceram de Mortefontaine, dans l’Oise, que Ford France nous a donné rendez-vous, poulain-minet. Malheureusement, le temps imparti pour cette prise en main ne nous permet pas du tout de tester. Par conséquent, nous vous informons uniquement de notre premier contact.
Assurément possible, la F150 Lightning, en finition Lariat, transpire (trop ?) de testostérone, comme son homologue thermique.
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Il suffit de regarder la calandre massive, carrée et pleine pour ressentir toute la bestialité de la machine aux dimensions imposantes. Ce dernier est adouci par une ceinture de leds. Puisqu’on parle de la calandre, une fois ouvert, le capot moteur laisse place à un grand espace de rangement, ou ivre — d’une capacité de près de 400 litres. En plus des câbles de charge, vous pouvez facilement ranger des valises ou même cacher… un être humain. A noter que ce coffre avant dispose d’une ouverture intérieure, justement pour éviter les enlèvements…
Avec 5,91 mètres de long, 2,44 mètres de large (y compris les rétroviseurs extérieurs) et 1,99 mètre de haut, le Ford est un Gundam pour nos routes européennes. Une fois l’immense porte ouverte, il faut saisir la poignée supérieure pour monter à bord, où de confortables sièges vous accueillent. Idem à l’arrière où les trois passagers, notamment celui du milieu, bénéficient d’un énorme dégagement pour les jambes grâce à la disparition du tunnel de transmission.
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Malgré sa position surélevée, le poste de conduite ressemble à n’importe quelle berline actuelle avec un volant multifonction (17 commandes), un tableau de bord de 12 pouces et un écran central tactile vertical de 12 pouces ou 15,5 pouces selon la finition choisie (Pro, XLT ). , Lariat ou Premium). A noter que cet écran, équipé du système d’exploitation interne Sync 4, est identique à celui du Ford Mach-e.
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Fort de son savoir-faire en matière de pick-up, Ford a agrémenté son F150 Lightning de petits gadgets comme le levier de vitesses motorisé (boîte de vitesses automatique) qui se rabat pour permettre le déploiement de la tablette de l’accoudoir central. Très pratique pour écrire. Une autre astuce, toujours au niveau du levier, est une commande appelée Car Wash, qui une fois activée met le F150 Lightning en position Neutre pendant 30 minutes. En effet, aux États-Unis, les stations de lavage de voitures sont motorisées et les véhicules glissent le long des marches de lavage. À côté du volant, il y a aussi une roue pivotante qui aide à vous guider lorsque vous souhaitez tracter une remorque.
Boîte latérale pliante avec marchepied et aide à la montée
Bien entendu, l’autre attrait de ce pick-up électrique est sa benne pouvant supporter jusqu’à 907 kg de charge utile. La capacité de remorquage est de 4 535 tonnes. Veuillez noter que les crochets de remorquage avant et arrière supportent jusqu’à 7 tonnes.
Pour monter sur le container d’une capacité de 1495 litres, il suffit d’abaisser, grâce à une commande dédiée, le panneau latéral qui contient une marche amovible accompagnée d’un support escamotable.
Cette benne, qui dispose de fixations, intègre également des prises de courant, le F150 Lightning peut aussi se transformer en groupe électrogène. Selon les versions, le pick-up proposera entre 6 et 10 prises électriques, avec une puissance variant entre 2,4 kW et 9,6 kW.
Pour mémoire, le Lightning peut alimenter une cabine isolée pendant quatre jours. De plus, comme Tesla, de nombreuses vidéos sur YouTube montrent à quel point la Ford est efficace lorsque vous la branchez. Alors le site Avis hors spécifications a montré qu’il était possible de recharger jusqu’à cinq véhicules électriques grâce à Ford.
Batterie 98 ou 131 kWh
Mais l’élément principal de ce F150 Lightning reste, bien entendu, sa motorisation basée sur un double moteur électrique de 433 kW (588 ch, couple de 1 050 Nm) alimenté par une batterie de 131 kWh (capacité utile). Mais vous pouvez opter pour un “plus petit” moteur électrique de 337 kW (453 ch, 1050 Nm de couple) avec la batterie de 98 kWh.
Quant à l’autonomie, elle varie de 370 km (petite batterie) à 515 km (grosse batterie). Ce sont des données mesurées selon le cycle américain EPA, assez proche de notre cycle européen WLTP. Compte tenu de l’aérodynamisme de cette armoire digne d’un « tacle », joueur de ligne offensif dans le football américain, il n’est malheureusement pas certain que l’autonomie soit aussi élevée.
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En revanche, côté cargo, il faudra prendre ses problèmes en patience. En effet, le F150 Lightning passe de 15 à 80 % en 91 minutes grâce à une borne de 50 kW contre 44 minutes avec une borne de 150 kW pour la batterie de 98 kWh. La batterie de 131 kWh nécessite respectivement 122 minutes (50 kW) et 41 minutes (150 kW).
A partir d’une prise 32A il faut entre 13 et 19 heures pour passer de 15 à 100%.
Une muscle car aux longues jambes qui envoie de la sauce
Il est temps que nous nous appropriions ce gros jouet intimidant. Ici, il n’y a pas de bruit de V6 ou V8. En appuyant sur le bouton marche/arrêt, le tableau de bord s’illumine comme un sapin de Noël pour nous faire savoir que nous pouvons sortir. Nous engageons l’énorme levier de vitesses et la F150 Lightning s’étouffe dans un silence troublé par le chant des oiseaux de la forêt environnante.
Si au début on reste mesuré vu la taille, très vite on a l’envie de presser le champignon. Le F150 réagit instantanément à la moindre pression sur l’accélérateur. Bizarrement mais sans surprise, le F150 Lightning dispose d’un mode sport qui vous catapulte malgré son volume.
La conduite n’a rien à voir avec un camion, car la direction est réduite, ce qui vous permet de tourner le volant d’un seul doigt. Côté freinage, rien à redire tant le mordant est là. freinage régénératif en mode une pédalequi permet à l’accélérateur d’agir comme un frein lorsqu’il est relâché, est tout aussi efficace qu’à l’arrêt complet.
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En ce qui concerne les amortisseurs, le F150 Lightning a une suspension indépendante avec des amortisseurs à ressorts hélicoïdaux à l’avant et à l’arrière. Du coup, dans une partie volontairement bosselée, l’amortissement est très souple. Dans les courbes prises à grande vitesse, le roulis est perceptible mais le guidage des trains reste constant. D’autant plus qu’un grand nombre d’aides à la conduite sont disponibles. Reste cependant à voir comment il se comporte chargé sur route mouillée…
Ne pouvant tester la Ford en mode tout-terrain, nous sommes retombés dans une montée bétonnée assez raide sur laquelle la F150 Lightning n’a guère travaillé. L’énorme capot bloque évidemment la vue au sommet, mais une caméra à 360 degrés aide à guider le voyage.
Co-Pilot360 au travail
Le F150 Lightning bénéficie de Co-Pilot360, une suite d’aides à la conduite aussi épaisse qu’un hamburger Wendy’s mais moins dommageable pour le corps. Ainsi, le pick-up est équipé de capteurs à ultrasons, de radars et de caméras qui permettent de bénéficier du régulateur de vitesse adaptatif, de la reconnaissance des panneaux de signalisation, du maintien dans la voie, de l’aide au stationnement (indispensable !), de l’aide à la descente (Hill Descent Control), de l’alerte de surveillance , alerte anti-collision, caméra arrière 180°, etc.
Un billet d’entrée à moins de 40 000 $
Bien qu’il soit un utilitaire à la base, le Ford F150 Lightning sait se montrer docile sur la route. Aux États-Unis, le Ford F150 Lightning est disponible de 39 974 $ (version Pro) à 90 874 $ (version Premium). Notre version Lariat commence à 67 474 $.
Reste à savoir si un tel engin, tout électrique soit-il, aurait sa place sur nos routes. Compte tenu de la taille du monstre, de sa masse et de l’énergie dépensée pour le faire avancer, certains seraient tentés de penser que non. Ford réfléchit à la pertinence du F150 Lightning en Europe. Le succès de la Mustang sur le Vieux Continent devrait donner des idées… Le seul impératif est d’ouvrir d’autres lignes de production. Actuellement, il y a déjà près de 200 000 précommandes en attente.
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