Faut-il craindre une pénurie d’électricité cet hiver ?

Une image montre les réacteurs lors d'un exercice de la Force d'action rapide nucléaire
SAMEER AL-DOUMY / AFP Une image montre les réacteurs lors d’un exercice de la Force d’Action Rapide Nucléaire “La Force d’Action Rapide du Nucléaire (FARN)” à la centrale nucléaire de Paluel le 20 janvier 2021. – La création de la FARN a été décidée en avril 2011 , quelques semaines seulement après la catastrophe au Japon, qui a poussé l’Allemagne à sortir du nucléaire et contraint les opérateurs à renforcer leur sécurité. Elle compte aujourd’hui environ 300 bénévoles répartis sur quatre bases en France dans les usines du Bugey, Civaux, Dampierre et Paluel. Ils partagent leur temps entre leurs activités habituelles dans l’usine et d’autres activités spécifiques d’intervention d’urgence. Ils doivent pouvoir intervenir en moins de 24 heures sur tout le territoire en cas d’accident nucléaire. (Photo de Sameer Al-DOUMY / AFP)

SAMEER AL-DOUMY / AFP

(Photo de la centrale nucléaire de Paluel en janvier 2021)

ENERGIES – L’hiver arrive, la pénurie aussi ? La crainte d’un manque d’électricité se profile alors qu’EDF a reporté, au 15 octobre, le redémarrage de cinq réacteurs nucléaires dans le cadre d’une grève salariale sur certains sites. Une contestation qui se cristallise particulièrement ce mardi 18 octobre, journée nationale de grève.

Les répercussions dans le secteur de l’énergie ne se sont pas fait attendre : EDF a actualisé la date de redémarrage de plusieurs réacteurs. Près de la moitié sont fermées depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois pour des travaux de maintenance. Ces retards concernent Cattenom 1, Cruas 2 et 3, Saint-Alban 2 et Tricastin 3 et varient d’un jour à près de trois semaines selon les réacteurs. L’énergéticien n’a toutefois pas précisé dans quelle mesure ces retards étaient liés au mouvement social.

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Graphique montrant l’indisponibilité des réacteurs nucléaires français.

Ce mouvement vise à mettre la pression sur les négociations salariales des entreprises du secteur de l’énergie et notamment d’EDF, où une première réunion est prévue mardi. Car si les salariés du secteur réclament une augmentation de salaire de 5 % brut, ils n’ont pas encore trouvé de compromis. NOURRIS Ainsi, les mouvements sociaux recensaient six chantiers vendredi mais la CGT en dénombrait neuf samedis. Dans chacune de ces centrales, le syndicat identifie des blocages dans les travaux programmés sur un ou plusieurs réacteurs, ainsi que des coupures de courant occasionnelles.

Emmanuel Macron a-t-il parlé trop vite ?

“On est déjà à 30 réacteurs sur les 56 qui sont en fonctionnement, on va passer à environ 40 dans les prochaines semaines, l’objectif est de passer à 45 en janvier”a déclaré mercredi le président Emmanuel Macron dans une interview télévisée. “Cet objectif, tout indique que nous le maintiendrons”, juge-t-il. Un peu trop tôt ?

Si cette grève n’a pas d’impact à ce stade pour le grand public, elle pourrait “impact sur le calendrier” de retour des tranches nucléaires sur le réseau, a indiqué vendredi à l’AFP Claude Martin, de la FNME-CGT. En effet, la plupart des centrales en grève font l’objet d’opérations de maintenance. Les mouvements sociaux peuvent “influencer le calendrier de remise en production de certains réacteurs”a déclaré à l’AFP une porte-parole d’EDF. “Pour les réacteurs en production, cela peut entraîner des coupures de courant temporaires.”elle a ajouté.

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Comment doit fonctionner le parc nucléaire français dans les mois à venir ?

Avec l’arrivée de l’hiver, c’est un problème supplémentaire pour la France, qui a également été fragilisée par la sécheresse estivale qui a réduit sa production hydraulique. RTE, le gestionnaire de réseau, a remis le réseau électrique sous “surveillance renforcée”. “Nous avons perdu toutes nos marges pour couvrir la demande d’électricité”Xavier Piechaczyk, président du conseil d’administration de la société, a mis en garde en septembre Parisien.

“Il y a des segments qui sont en phase de rechargement, après les révisions, donc ils sont censés revenir rapidement sur la grille, mais actuellement la grève frappe ces redémarrages.”a assuré Claude Martin, qui a prévenu de l’impact que cela pourrait avoir sur la quantité d’énergie disponible en France pendant la période la plus froide de l’hiver, en janvier et février.

A ce stade, et pour les prochaines semaines, le risque est « Très faible RTE a mis en garde dans un communiqué publié mardi. En revanche, un ” extension du mouvement social “dans les centrales nucléaires” aurait de graves conséquences “sur la fourniture d’électricité au” coeur d’hiver ».

Pourrait être (très) cher pour EDF

Malgré tout, l’exploitation des centrales nucléaires reste très réglementée. En effet, en tant que prestataire de service public, EDF a l’obligation de fournir de l’électricité aux Français et donc de maintenir son activité à tout prix.

“Nous sommes des salariés responsables”, a tenu à rassurer Sylvain Chevalier, délégué syndical CGT à l’usine de Paluel, cité par Le Parisien. « Il ne s’agit pas de mettre en péril l’approvisionnement du réseau, mais de toucher au porte-monnaie d’EDF pour qu’il écoute nos demandes. »

En effet, RTE est tenu de maintenir une marge minimale de 2.300 mégawatts (MW), soit l’équivalent de la puissance de deux réacteurs nucléaires, entre l’offre (production) et la demande (consommation), rappelle le bureau.

Que se passe-t-il si nous descendons en dessous de cette marge ? EDF sera contraint d’acheter immédiatement de l’électricité sur les marchés, à un prix bien supérieur à ce qu’il produit avec ses réacteurs. “Les actions ne pèsent donc que dans les comptes de l’entreprise”, estime au Parisien Thomas Plancot, représentant FNME-CGT de la division nucléaire. De cette façon, “ un jour de retard dans l’interruption d’une unité vaut généralement 1 million d’euros. Au prix actuel de l’électricité, c’est 5 à 10 fois plus »il continue.

Le gestionnaire du réseau RTE avait jugé en septembre le risque de tension sur le réseau électrique cet hiver “soulevé” la majorité “contrôlable grâce à une forte mobilisation” pour les économies d’énergie.

Voir aussi dans Le HuffPost : Pourquoi la fermeture de Fessenheim revient-elle comme un boomerang sur Macron ?

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