EXCLUSIF – Hans-Peter Wild : “Si Labit et Ghezal se fiancent, j’en serais ravi”

Dès mercredi, Hans-Peter Wild, remonté à la tête de son club, a accepté de rencontrer le Midi Olympique, à l’origine de la révélation de la probable arrivée de Laurent Labit et Karim Ghezal. Le samedi après-midi, il nous a accordé une heure d’entretien occasionnel.

Comment avez-vous réagi en apprenant, dimanche soir au Midi Olympique, que Laurent Labit et Karim Ghezal rejoindraient le Stade Français dans quelques semaines ?

Ça m’est égal. Je me suis tu. Vous écrivez ce que vous voulez. J’ai autre chose à faire que de commenter les spéculations.

Avez-vous craint que cette annonce puisse déstabiliser l’équipe ?

Non. […] Je suis venu chez Jean Bouin il y a quelques jours. J’ai rattrapé Gonzalo Quesada, Thomas Lombard, Morgan Parra, Paul Gustard et Kobus Potgieter (entraîneur adjoint, ndlr) pour mettre les choses au clair. Alors je suis parti.

Que leur avez-vous dit ou qu’avez-vous appris ?

Gonzalo reste aux commandes jusqu’à la fin de la saison puis il quittera le club. Nous étions d’accord là-dessus. Si Laurent Labit et Karim Ghezal s’engagent à nos côtés, j’en serais ravi car ce sera un moyen d’élever le niveau de professionnalisme dans le stade français. Qu’avons-nous réalisé en cinq ans ? (réponses en français) « Pas grand-chose… » On a injecté des tonnes d’argent et on n’a rien gagné.

Avez-vous appris de cela?

Oui : vous ne pouvez pas acheter le succès, ce n’est pas possible. Le rugby est une dynamique de groupe. Quand Heyneke Meyer a signé avec nous, il m’a dit : « les joueurs jouent pour leur entraîneur ». Les joueurs actuels jouent aussi à Gonzalo et ils l’ont démontré samedi face à Perpignan. […] Gonzalo Quesada sait mieux que moi quels joueurs sélectionner. C’est votre décision. Il l’a pris avec ses tripes, avec sa sensibilité.

Depuis ?

Todo eso para decir que la entrevista con Gonzalo salió bien la semana pasada y que en el proceso, Morgan Parra me dijo: “los jugadores profesionales nunca dejarán de lado lo que están aquí: jugarán al rugby y defenderán la camiseta, su empleador. Eso c’est tout “. Le reste c’est bla bla bla…

Sérieusement ?

Oui ! Il y a quelques années, j’ai rencontré plusieurs anciens joueurs du club de Bristol (l’hôtel où il séjournait lors de ses passages à Paris, N.DL.R.). Ils m’ont dit : « On s’en fout du coach. Mais c’est nous qui dirigeons le jeu.” Ont raison. […] Quand je suis arrivé en 2017, on s’était trompé. Fabien Grobon (l’ancien PDG) n’en savait rien. Hubert Patricot, mon ami de toujours, ne savait pas grand-chose d’autre, même s’il était à un tout autre niveau. Le problème, c’est qu’il n’y était pas souvent. Ils l’appelaient “le fantôme” dans le club. Qu’avons-nous fait à ce moment-là ?

N’importe quel…

Intelligent. Heyneke ne parlait pas français; J’avais un traducteur. Alors Thomas Lombard m’a dit d’embaucher Gonzalo Quesada, un gars très intelligent que j’adore. Ces deux-là ont travaillé ensemble mais ont également connu des frictions lorsque les résultats n’étaient pas au rendez-vous. Selon Gonzalo Thomas Lombard, il s’est trop investi dans l’athlète et pour lui ce n’était pas son rôle. Mais leur relation s’est améliorée ces derniers temps. Ils échangent plus. Mais bon…

Waouh ?

Rien de mieux ne s’est produit. Nous avons eu une réunion « à la française » au printemps dernier. On a beaucoup parlé mais ça n’a rien donné. Je dis “à la française” parce qu’il fallait aller de A à B mais à la place on est passé par C, D, G, Z. On n’est jamais arrivé à B mais on est tous allés manger ensemble… C’est tout… A la française, quoi… (soupirs) Quand tu dis quelque chose, dans le monde des affaires, je le prends pour acquis. Au rugby, ce n’est jamais le cas.

Gonzalo Quesada vous a-t-il alors demandé d’avoir l’entière responsabilité du secteur sportif ?

Oui, et j’étais d’accord sur ce point. C’était lui l’entraîneur et il devait décider librement, en même temps un travail de fond a été fait pour redynamiser les entraînements et encore une fois nous recrutons des jeunes internationaux qui peuvent désormais intégrer l’effectif professionnel. Avant, il n’y avait pas d’osmose entre les professionnels et l’académie, dont huit joueurs sont récemment diplômés.

Avez-vous le sentiment que les choses avancent ?

J’ai lu récemment que le Stade Français était sous assistance respiratoire. C’est assez juste. Avec Max (Guazzini, N.DL.R.), c’était la fête, ils remplissaient les stades mais ce n’étaient pas des pros. Ensuite, Thomas Savare a donné un peu d’argent mais n’a pas professionnalisé le club. Nous essayons de le faire, même si nous ne gagnons pas encore. Peut-être avons-nous mis les joueurs trop à l’aise…

C’est-à-dire ?

Les joueurs sont bien payés quoi qu’il arrive sur le terrain et s’il y a le moindre déficit, le propriétaire (lui, N.DL.R.) le rattrapera. Quel monde merveilleux, n’est-ce pas ?

Gonzalo Quesada a un contrat jusqu’en 2024. Comment allez-vous le virer à la fin de cette saison ?

Vous serez payé jusqu’en 2024, aussi simple que cela. Et il deviendra probablement sélectionneur national.

Ne pensez-vous pas que Gonzalo Quesada va se démobiliser dans ces conditions ?

Non, je lui fais confiance. (pause) Gonzalo Quesada connaît le rugby mieux que moi. Je répète que les joueurs le suivent.

Alors pourquoi avoir prolongé les contrats de Gonzalo, Julien Arias et Laurent Sempere d’une saison avant le début de cette saison ?

Aligner tous les formateurs dans la même durée. Puis l’opportunité s’est présentée d’avoir Laurent Labit et Karim Ghezal. Ce sont deux grands entraîneurs et s’ils nous rejoignent, je serais très heureux.

Laurent Labit et Karim Ghezal n’ont aucune raison de ne pas venir : votre projet les attire, leurs profils vous attirent…

Nous avons encore de nombreux détails à régler et l’accent doit rester sur la prochaine Coupe du monde de rugby.

Que vont devenir Laurent Sempere et Julien Arias ?

Si un nouveau directeur sportif arrive, des discussions auront lieu pour constituer un staff. Je suis très reconnaissant envers Laurent et Julien, qui nous ont beaucoup aidés lorsque le club était en eaux troubles après le départ de Heyneke Meyer. […] Ne vous inquiétez pas, je ne maltraite pas les gens d’habitude. “Il n’y aura pas de soucis.”

Pareil pour Paul Gustard et Kobus Potgieter ?

Oui, mais laissez-nous le temps de mettre les choses en ordre. Rien de signé pour le moment, je vous rappelle. Laurent Labit et Karim Ghezal doivent d’abord gagner la Coupe du monde. C’est une grande responsabilité pour eux. Ne les dérangez pas avec ce genre de choses…

Selon nos informations, Gonzalo Quesada aurait perdu la confiance d’une partie de sa garde-robe. Qu’est-ce que tu sais?

Vous vous trompez. Il a peut-être perdu les joueurs qui ne sont pas partants. Mais c’est pareil dans tous les clubs du monde… Ceux qui ne jouent pas sont déçus. […] Je pense que nous avons une bonne équipe et nous allons le montrer.

Pensez-vous que les joueurs peuvent vraiment être honnêtes avec vous ? Vous êtes son patron, après tout…

Je ne parle pas beaucoup avec eux. Je leur demande si tout va bien quand je les dépasse; Je vérifie s’ils sont pointus ou pas, trop gros ou pas… J’observe les attitudes dans le vestiaire et les moments que je peux passer avec l’équipe. Les joueurs s’expriment avant tout sur le terrain, à travers les performances qu’ils doivent réaliser lorsqu’ils ont la possibilité de porter le maillot du club.

Êtes-vous satisfait du recrutement de ces dernières années ?

En général, oui. Les gens qui sont arrivés ont la bonne humeur. Je suis fier du comportement et du caractère de ces joueurs. Avant on devait faire face à beaucoup de merde, pardonnez l’expression, dans le club. […] Mais pour être honnête, je suis toujours très en colère parce que nous avons perdu le seul joueur allemand que nous avions au club (Oskar Rixen). Il est allé à Brive et y a joué de bons matchs ! Mais je ne savais pas quand il était parti.

Paul Alo-Emile continuera d’être absent pendant de longs mois en raison d’une grave dépression. Que vas-tu faire ?

On peut recruter un farceur. Mais il faut surtout aider Paul au quotidien. […] C’est un cas médical. L’hôpital ne peut pas nous en dire beaucoup sur Paul Alo-Emile et nous respectons cela.

Libérerez-vous Paul Alo-Emile de son contrat s’il vous le demande ?

Je ne sais pas. Mais avant d’envisager un résultat aussi extrême, nous ferons de notre mieux pour l’améliorer.

Qu’avez-vous appris en cinq ans de présidence ?

C’est un métier difficile… Au début, je ne comprenais pas le rugby. Je n’ai pas compris la dynamique. Mais j’ai appris maintenant. […] Je sais qu’aucun propriétaire de club n’est complètement satisfait. Récemment, je suis allé voir mon ami le président du club d’Hoffenheim. Il a investi des centaines de millions d’euros dans le club et Hoffenheim a perdu ce jour-là face à un promu. Mon ami était fou de rage après le match. Il se fâche avec son entraîneur : « Pourquoi un tel n’a-t-il pas joué ? Ou ceci et cela? L’entraîneur a raison quand il gagne et tort quand il perd. C’est si facile.

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