comprendre le circuit d’approvisionnement des stations-service en France, de la raffinerie à la pompe

Un camion-citerne arrive sur un dépôt pétrolier de TotalEnergie gardé par des CRS le 13 octobre, près de Dunkerque.

Avec près d’un tiers des stations-service sans carburant et des automobilistes au bord de la crise de nerfs, le Gouvernement a décidé ce mercredi les premières réquisitions de personnel pour tenter d’approvisionner le pays face à l’aggravation de la pénurie d’essence provoquée par la grève. dans les raffineries et les dépôts de carburant. Les premiers salariés réquisitionnés ont permis, jeudi 13 octobre, de débloquer les premiers stocks de carburant par canalisation (7.000 mètres cubes depuis le dépôt de Gravenchon en Normandie en vingt-quatre heures) et par route (25 camions-citernes depuis Dunkerque jeudi).

Ces dépôts de carburant sont les nerfs de la guerre pour l’approvisionnement en essence et diesel en France. Dans un pays comme la France, qui compte environ 45 millions de véhicules -38,3 millions de véhicules légers, 5,9 millions de véhicules utilitaires, 700.000 poids lourds-, quelque 200 dépôts alimentent le réseau de stations-service, détaille l’UFIP Energies et Mobilités (Union française des industries pétrolières). , dans un document de mai 2022 surFourniture de combustibles liquides à la France.

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En perturbant le bon fonctionnement des dépôts pétroliers, les grévistes coupent l’approvisionnement de 11 000 stations-service en France. 5 000 d’entre eux appartiennent à la grande distribution et aux libre-services et représentent 63 % des volumes distribués, contre 37 % distribués par les 6 000 stations des réseaux traditionnels. En 2019, selon l’UFIP Energies Mobilités, ces 11 000 stations ont rempli 5 millions de stations quotidiennement, desservant 118 millions de litres de carburant par jour. Quelles sont les étapes pour approvisionner ces stations-service ? Le monde Faites le point.

Diminution des capacités de raffinage

Chaque année, la France consomme 46 millions de tonnes de carburant. Pour couvrir ses besoins, elle importe du pétrole brut et des produits finis, comme le diesel. Le brut est importé par tanker vers trois ports : Le Havre, Saint-Nazaire et Marseille.

Il est ensuite transformé en divers produits énergétiques (carburants, carburants) ou non énergétiques (lubrifiants, bitumes et produits pour la pétrochimie), dans six plateformes industrielles de raffinage :

  • les trois raffineries du groupe TotalEnergies (Gonfreville en Seine-Maritime, Donges en Loire-Atlantique et Feyzin dans le Rhône),
  • les deux d’Esso (Gravenchon-Port-Jérôme en Seine-Maritime et Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône),
  • et celui de Lavéra (Bouches-du-Rhône), qui appartient au groupe britannique Petroineos.

Deux bioraffineries du groupe TotalEnergies complètent le dispositif : à La Mède (Bouches-du-Rhône) et à Grandpuits (Seine-et-Marne). Par ailleurs, la raffinerie insulaire du Lamentin (Martinique), exploitée par la SARA, approvisionne les départements français d’Amérique (Martinique, Guadeloupe et Guyane).

La France dispose d’une capacité de raffinage de 57 millions de tonnes (Mt) par an, en baisse depuis dix ans, du fait de la fermeture du Raffinerie de Flandre en 2010suivi de suite reichstettde Seulementde petite couronne Oui le mède (2016), qui a été fermée pour la transformer en bioraffinerie. Le groupe TotalEnergies représente 50% de cette capacité, Esso 33%, Ineo 17%.

Sur les 45 millions de véhicules immatriculés en France, 63 % consomment du gazole – soit 37,4 millions de tonnes –, 36 % de l’essence – 8,5 Mt –, 1 % utilisent des motorisations alternatives. La France produit plus d’essence qu’elle n’en consomme. En 2019, quelque 600 000 tonnes de surplus ont été exportées. Pour le diesel, la France dépend des importations. En 2019, 51 % de sa consommation de gazole provenait de l’étranger, d’Europe (41 %), du Moyen-Orient (22 %), de Russie (17 %), d’Asie (11 %), d’Amérique (8 %), d’Afrique (1 % ).

Le transport

Après traitement dans les raffineries, les différents carburants sont acheminés via un réseau de pipelines, de barges, de navires, et par train jusqu’aux champs pétrolifères « en aval ». Le gros (67 %) passe par une série de canalisations :

  • Le gazoduc Le Havre-Paris (LHP) qui alimente la région Ile-de-France et les aéroports parisiens.
  • L’oléoduc Ile-de-France (PLIF) qui alimente la raffinerie de Grandpuits depuis le port du Havre. Elle achemine également les produits finis de la raffinerie de Grandpuits vers les dépôts de Gargenville ou du Havre.
  • Le gazoduc Rhône Méditerranée (PMR) qui alimente la région lyonnaise, la Côte d’Azur depuis Fos-sur-Mer.
  • L’oléoduc Donges-Melun-Metz (DMM) traverse la France d’ouest en est, du port de Saint-Nazaire à Saint-Baussant, en Meurthe-et-Moselle. Il est relié au LHP et au Common Defence Pipeline (ODC) qui représente la partie française du « Central European Pipeline System » (CEPS) de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
  • Les pipelines entre Fos et Manosque (PSM et GSM) qui transportent du pétrole brut ou des produits raffinés entre le Grand Port Maritime de Marseille et les cavités souterraines de Manosque.

Le stockage

Les carburants sont également stockés avant d’être acheminés vers les 11 000 stations-service du pays. La France dispose d’une capacité totale de stockage de produits pétroliers d’environ 46 millions de m3écrivait en juin le ministère de l’Ecologie dans un document sur « la chaîne pétrolière », stable par rapport à 2014. Les raffineries et leurs gisements auxiliaires représentent environ 33 % de cette capacité, les cavernes de stockage 20 %, les aéroports (1 %). Une maille d’env. 200 gisements secondaires de différentes tailles, répartis sur tout le territoire, arroser la métropole. Ils représentent 47 % des capacités de stockage françaises.

La répartition des stocks sur le territoire métropolitain n’est pas homogène. La proximité des outils de raffinage, des sites d’importation, mais aussi des infrastructures de transport de masse des produits pétroliers influence cette répartition. Ainsi, 50 % des capacités de stockage françaises sont concentrées dans les régions Normandie et Provence-Alpes-Côte d’Azur.

De plus, la France dispose de stocks stratégiques équivalents à trois mois de consommation. Ces stocks, gérés par la Société anonyme de gestion des stocks de sécurité (Sagess, créée en 1988), représentent 13,9 Mt (en 2018) et sont répartis sur près de 90 sites. Un grand réservoir souterrain 9,2 millions de m3 est situé à Manosque, dans les Alpes de Haute Provence. Stocké dans d’immenses cavités salines, entre 350 et 1 000 mètres sous terre, il est relié aux raffineries et usines de Fos, Marseille, et aux réseaux internationaux de canalisations. C’est dans ces actions que l’exécutif a décidé de tirerle week-end dernier, pour faire face à la pénurie qui touche la France.

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