comment l’OL s’apprête à changer de dimension économique avec l’acquisition de Textor

D’ici les premières heures d’octobre, et sauf rebondissements de dernière minute, un nouveau chapitre devrait s’ouvrir à l’OL avec l’arrivée concrète du futur patron de l’OL, John Textor, qui prendra la relève, avec des partenaires solides, du remplacement du capital de Classes Jean-Michel. Ce dernier verra son mandat de PDG du groupe durer au moins 3 ans dans un mode de gouvernance qui sera pérenne, sur les relations qui vont se tisser dans ce management d’un nouveau type pour le septuple champion de France.

La semaine (décisive) qui façonne l’OL de demain à l’accent américain

Le plan est élaboré jusqu’à présent sans encombres majeurs dans le calendrier initial, promulgué en juin : en fin de semaine, une succession de conseils d’administration devrait entériner le processus entamé en juin avec l’entrée « en négociations exclusives avec Eagle Football Holdings, LLC, société détenue par l’homme d’affaires américain John Textor”, comme l’indique un communiqué de l’OL le 20 juin 2022 suite à un article de RMC Sport : L’OL sera bientôt sous pavillon américain

Ainsi, après cette étape, le ‘closing’, comme on dit dans le monde des affaires, sera passé et l’OL verra son homme fort, Jean-Michel Aulas, jusqu’alors actionnaire de référence, devenir actionnaire minoritaire du capital d’une club qui n’a cessé de grandir depuis 1987. Ces conseils d’administration régleront les derniers détails puis définiront le gouvernement du ‘2022 board’ dans lequel apparaîtront les proches de John Textor et ses associés, ainsi qu’une poignée d’acteurs historiques, qui reste avec Jean-Michel Aulas . Cependant, tout sera vraiment officiel une fois les communiqués financiers rédigés et publiés. Ce sont vraiment eux qui marqueront la fin des opérations. Pendant ce temps, les acteurs de cette dernière ligne droite restent muets et personne ne veut communiquer.

Au total, pour son tour de table, John Textor a dû mobiliser 468 millions d’euros : 317 millions pour indemniser les actionnaires historiques (Pathé et IDG), 86 millions pour une augmentation de capital plus 65 millions pour l’OPA (offre publique d’achat) qui a été lancé à la fin de l’année pour acquérir toutes les actions en bourse.

Une augmentation de capital utilisable durant le mercato d’hiver

“Une fois que vous avez acheté la maison, vous pouvez faire les travaux”, image comme celle-ci près du dossier. “Faire le travail”, c’est-à-dire procéder à l’augmentation de capital de 86 millions d’euros, qui sera en partie affectée à un éventuel futur mercato d’hiver, si nécessaire. Sous ce poste de charges, toutes les transactions de l’été 2022 ont été réalisées avec les actionnaires actuels. Lors de l’assemblée générale du 29 juillet, étape nécessaire du processus, le détail de la répartition de cette somme a été indiqué : 29 millions seront injectés dans le financement de l’Arena -inaugurée à l’automne 2023- qui sera alloué à l’Arena l’Asvel pour ses matchs européens mais aussi dans les concerts et les rencontres e.sport ; 17 millions iront au développement et à l’investissement des infrastructures tandis que les 40 millions restants iront au renforcement des équipes professionnelles masculines et féminines.

Si les détails encore à régler se situent dans ces heures décisives -“C’est toujours comme ça dans des dossiers aussi complexes et ce n’est pas synonyme d’impasses”, décode un habitué de ce type d’opération-, John Textor aura, à la fin de ce week-end, 66,56% du club et à terme en juillet 2023, 88,55% des actions avec l’amortissement intégral des obligations Osranes (obligations remboursables en actions nouvelles ou existantes). Comme il l’avait laissé entendre en plein été, le patron “financier”, en fin d’année (fin novembre ?) commencera à se retirer de la bourse de l’OL, qui était la seule structure sportive française inscrite dans la liste depuis février. 2007. lancera alors l’OPA sur les plus de 17 millions d’actions restant sur le marché.

Une fois toutes les parts des “petits porteurs” rachetées, l’homme d’affaires américain ne sera accompagné que par la holding familiale JMA, “Holnest”, qui détiendra un peu moins d’un dixième du club (8,5%). D’actionnaire de référence (28 %), le président de Lyon deviendra actionnaire minoritaire, conservant le leadership en tant que président-directeur général d’OL Groupe dans un accord gouvernemental signé avec l’homme d’affaires américain.

Les conseils d’administration des prochaines heures seront donc les derniers de l’accord (cordial) « Salles de classe – Pathé – IDG », initié avec le premier nommé, en juin 1999 lorsque Jérôme Seydoux, patron du groupe cinématographique Pathé, fait venir une centaine millions de francs dans le capital du club pour le porter à un niveau supérieur : dans la foulée, l’OL recrute notamment Sonny Anderson en juillet 1999 puis déclenche un cercle vertueux de trophées au début du XXIe siècle : 7 titres de champion de France (2002 – 2008) , dont un doublé (2008 avec la Coupe de France) puis une Coupe de la Ligue en 2001. IDG, une équipe chinoise arrivée à l’été 2016 avec environ 100 millions d’euros, correspondant à 20 % du club.

Ces deux coactionnaires, qui s’étaient un peu endormis avec le temps, avaient décidé en mars dernier, à la surprise générale, de vendre leurs parts respectives, soit près de 40 % du club (19,36 % pour Pathé et 19,85 % pour IDG), laissant Jean Michel Aulas face à une page blanche avec sa participation de 28%, ce dernier absolument contraint de trouver un nouvel allié économique, en gardant le contrôle au niveau opérationnel. Après d’âpres négociations printanières, souvent prolongées jusque tard dans la nuit en raison du décalage horaire, Jean Michel Aulas et ses proches conseillers avaient choisi John Textor.

Ares Management remplace Bill Foley

Depuis ce jour, tout a suivi le chemin prévu, semé de déboires logiques pour un dossier aussi gigantesque financièrement parlant après le passage en assemblée générale fin juillet, puis un autre avant le CSE de l’OL en août. Il a fallu plus de temps pour peaufiner le tour de table, côté ‘acheteur’ : Bill Foley, un proche de John Textor avait prévu lors des premières négociations, de ne pas apporter les garanties nécessaires, notamment de la part des 13 banques qui détiennent la dette de l’OL a ainsi été remplacé par Ares Management, une société financière américaine XXL, avec 334 000 millions d’euros d’actifs, comme l’a récemment détaillé L’Equipe. Les observateurs “économiques” de Lyon y ont vu un signe de retour à la normale avec la présence de John Textor dans le panier VIP le 18 septembre lors du match entre son futur club et le PSG. S’il était venu seul donner sa première conférence de presse le 21 juin, c’est avec un groupe de financiers et de conseillers qui ont visité les installations qu’il a effectué cette visite remarquée à deux semaines de la fin des négociations.

Pour de nombreuses personnalités “historiques”, le sillage de Jean-Michel Aulas, qui a pris les rênes du club en Ligue 2 en 1987, est un véritable changement d’époque et de façon de procéder car désormais tout sonnera différemment avec des joueurs des coulisses anglaises et Habitudes sportives américaines. et coutumes. Ainsi, les conseils d’administration se tiendront, logiquement en grande partie en anglais au moment de cette OPA américaine, bien que la figure qui incarnera et dirigera le club ne changera pas et s’appellera toujours Jean-Michel Aulas. Ce dernier devra aussi apprendre à travailler, certes avec ses propres hommes sur le terrain opérationnel pendant de longues années, mais avec des financiers américains, qui auront le pouvoir de l’argent.

Cette cohabitation n’avait connu que très peu de déboires tout au long du mariage réussi depuis 1999 avec Jérôme Seydoux : elle est surtout synonyme dans l’histoire contemporaine de l’OL de l’âge d’or avec l’enchaînement des titres masculins (7 entre 2002 et 2008) et féminins (15 titres nationaux et 8 Ligue des champions). Il va maintenant falloir “copier-coller” et même “exporter” cette formule gagnante avec des joueurs que les Lyonnais devront connaître et avec qui ils devront aussi apprendre à composer. Pour les nostalgiques, une page se tourne et une nouvelle ère commence, près de sept ans après le départ du stade historique de Gerland. Pour eux aussi, c’est un saut dans l’inconnu… Pour les optimistes, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre à l’OL, le plus « américain » des clubs français, propriétaire de son stade, adossé à un parc de loisirs et avec un prochain – automne 2023 – stade multifonctionnel.

A chaque sensibilité, son appréciation de la période qui devrait s’ouvrir au début du mois prochain lorsque l’encre aura séché sur les derniers papiers signés et que les communiqués officiels seront publiés. Confirmant alors définitivement, une période de six mois d’intenses négociations, d’avril à octobre, pour une opération XXL de près de cinq cents millions d’euros.

Be the first to comment

Leave a Reply

Your email address will not be published.


*