Convoqué ce mardi par le Centre national du cinéma et de l’image d’animation (CNC) à une réunion sur la chronologie des médias, le secteur de l’Audiovisuel reste très divisé, même si la discussion a permis de jeter les bases d’un dialogue constructif.

En janvier dernier, le cinéma français et les principaux représentants du secteur audiovisuel ont signé une nouvelle convention sur la chronologie des médias au ministère de la Culture. Pour mémoire, cela régit les dates auxquelles les films peuvent être diffusés en streaming, en ligne et à la télévision notamment, dans les mois qui suivent leur sortie en salles. Ces règles, qui doivent protéger la création, font l’objet d’intenses négociations depuis l’essor des plateformes de streaming, qui changent la donne.
En dehors des chaînes de télévision, seul Netflix, parmi d’autres plateformes comme Disney+, Amazon Prime Video ou Apple TV, avait signé cet accord. La firme Disney, justement, avait clairement tempéré l’enthousiasme.
“Nous pensons que la chronologie des nouveaux médias n’établit pas un cadre juste et proportionné entre les différents acteurs de l’écosystème audiovisuel. C’est d’autant plus frustrant que nous avons augmenté nos investissements dans la création de contenus originaux en français” a commenté la firme.
Pour mémoire, dès septembre 2020, Disney avait abandonné la menace de boycotter les salles en France. Et ce n’était pas parce que la firme ne croyait plus au grand écran, mais plutôt pour contourner les limites de la chronologie médiatique française, tout en favorisant fortement l’ascension fulgurante de sa plateforme Disney+. Dernière menace en date : la possibilité de ne pas sortir son blockbuster Black Panther : Wakanda Forever…
“Nous demandons aux pouvoirs publics de ne pas céder aux diktats des plateformes payantes !”
Le 28 septembre, les dirigeants des groupes de chaînes de télévision gratuites TF1, France Télévisions et M6, a publié une chronique dans le journal Le Mondedénoncer un “chantage” de certaines plateformes américaines. Disney, pour ne pas nommer : “Dès que la nouvelle chronologie est entrée en vigueur, Disney, qui n’avait pas voulu signer le texte, l’a réinterprété pour lui enlever l’exploitation exclusive de la télévision gratuite.”
“Les télévisions gratuites ont joué le jeu [des discussions] même s’il est probable que l’arrivée de ces nouveaux acteurs dans la puissance financière internationale les soumettra à une plus grande concurrence. Les chaînes ont accepté que les plateformes payantes puissent diffuser les films avant elles malgré la très modeste contribution supplémentaire que ces services s’engagent -de l’ordre de 50 millions d’euros par an, soit moins de la moitié de celle des télévisions gratuites-. ils ont écrit.
En juin dernier, Hélène Etzi, présidente de The Walt Disney Company France, est restée ferme sur ses positions sur la chronologie des médias, jugeant, dans un interview accordée au journal Les Echosqu’elle était “injuste, restrictif et inadéquat […] changements dans les habitudes de consommation de films”.
Et pour mettre à exécution la menace : la firme a annoncé que le Disney de Noël, Avalonia, serait un Exclusif à Disney+. Une décision qui avait provoqué la fureur des exploitants de cinéma, via la FNCF, la Fédération Nationale des Cinémas Français. Le positionnement de Disney en France est d’autant plus préoccupant pour certains acteurs audiovisuels que la firme représente 20% du box-office français…
Chronologie des médias : The Last Burst Bunker
C’est sous ce titre que Pascal Rogard, directeur général de la SACD, s’est exprimé lors un article publié sur votre blog au lendemain du forum des dirigeants des chaînes gratuites dans Le Monde. « Apprendre aujourd’hui que Disney peut prendre la décision de ne pas sortir ses films en salles, 8 mois après la signature de l’accord, c’est quand même ahurissant » il écrit.
Il poursuit : «Ce n’est pourtant pas la faute de la SACD de l’avoir dit et répété à haute voix lorsque nous avons décidé de ne pas signer au vu des risques que cette nouvelle chronologie faisait courir à la fréquentation des salles en appauvrissant son offre de supports cinématographiques.
Au-delà de la logique “marketing” qui peut pousser une plateforme à réserver un grand film à ses abonnés afin de rendre son service plus attractif que celui de la concurrence, force est de constater que les règles réservées aux plateformes et notamment le délai trop long après la chambre et les très courts couloirs d’exclusivité qui leur sont accordés sont un contraste complet”.
La position de la SACD est restée constante depuis janvier. “PPersonne ne peut imaginer que les termes de cet accord puissent rester en vigueur aujourd’hui pour une période de trois ans. L’évolution rapide du secteur en termes d’offre, de technologie et de demande conduira inévitablement à une évolution rapide de la place du cinéma dans l’ensemble des offres disponibles sur le marché français. Dès lors, la conclusion de cet accord pour une durée de 3 ans paraît incompréhensible et déraisonnable.” puis son directeur général a tonné.
Réformer le système actuel
Si Netflix, qui compte 10 millions d’abonnés en France, a signé l’accord de janvier, qui lui permet de diffuser un film 15 mois après sa sortie en salles, et pour une durée de 7 mois exclusifs, le géant de Redmond reste lui aussi s’il vous plaît continuer à réformer le système. à sa place.
“Notre position n’a pas changé. Nous sommes le seul service de vidéo par abonnement à avoir signé l’accord. Nous l’avons fait dans une démarche constructive, en tant que partenaire de la création française” commentaires sur la plateforme, dans des déclarations recueillies par le journal Le monde. « Mais on s’était dit à l’époque qu’on ne pouvait pas se contenter d’un mandat de quinze mois pour du long terme. Nous voudrions, a minima, le réduire à douze mois, c’est-à-dire la période proposée par le ministère de la Culture. avant de signer le contrat.
Au vu de toutes ces considérations, le CNC a tenu hier une réunion réunissant organisations professionnelles, studios et plateformes, afin de vérifier les conditions d’application des délais fixés par l’accord de janvier sur la nouvelle chronologie des médias, sur lequel nous étions revenus en détail ici.
Selon les informations de nos confrères billetterie professionnelleles discussions au cours de cette réunion se sont révélées constructives. “Concernant l’étroitesse de la fenêtre de diffusion des chaînes gratuites -l’un des points critiqués par Disney-, les représentants des groupes de télévision ont réaffirmé leur volonté de bénéficier d’une durée protégée, tout en s’engageant à ne pas bloquer l’ensemble de cette la fenêtre. Un message bien reçu par le studio, ainsi que par les autres majors présentes, Warner Bros. et Paramount, dont les plateformes de streaming seront lancées en France dans les prochains mois”.
Remodeler encore plus la chronologie des médias ? Certains n’y voient pas vraiment d’intérêt, comme Canal+, qui s’est prononcé contre les accords en janvier dernier. Un prochain rendez-vous est censé être organisé fin novembre, après la sortie encore théorique de Black Panther : Wakanda Forever en salles. Mais l’étau se resserre. Une clause de révision est prévue pour fin janvier 2023, où les conclusions de toutes les discussions sont censées être tirées d’ici là.
Et les échanges s’annoncent rudes, dans le contexte La fréquentation des films au plus bas. En septembre, il atteint péniblement 7,4 millions d’entrées ; soit 20% de moins qu’en septembre 2021 et 34% de moins qu’en septembre 2019. C’est le plus bas niveau de fréquentation enregistré depuis 1980, première année des statistiques mensuelles du Centre National du Cinéma…
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