Après La momie et grâce de monaco, Simone, le voyage du siècleen salles le 12 octobre, conclut la trilogie de biopics féminins réalisé par Olivier Dahan, cette fois sur Simone Veil, décédée en 2017.
Mais ceux qui espèrent voir un récit historique détaillé de la création de la loi Veil (qui a dépénalisé le recours à l’avortement) seront déçus. c’est avec le son discours mémorable à l’Assemblée nationale, en 1974, qui ouvre le film ; puis, le combat politique le plus notoire de l’ancien ministre de la Santé est vite évacué. Pour raconter la vie de ce personnage français mythique et panthéoniséOlivier Dahan a choisi un autre fil conducteur : la déportation de Simone Veil et son expérience dans les camps.
Connu quelques semaines avant la première, le cinéaste décrit son film comme “un portrait émouvant”. De l’enfance de Simone Veil sur la Côte d’Azur à l’écriture de ses mémoires, le film nous transporte d’une époque à l’autre, à travers plusieurs moments marquants de la vie et de la carrière de la magistrate. En Allemagne, dans les prisons algériennes, au Parlement européen ou dans un hôpital avec un patient séropositif, ce “voyage du siècle” un peu mouvementé tente en deux heures et vingt minutes de résumer tous les combats de Simone Veil – au risque d’éparpillement, avec des va-et-vient incessants qui empêchent les scènes de respirer.
Au fil du film, ces courts fragments chronologiques sont entrecoupés de passages de plus en plus longs et détaillés relatant la déportation de Simone Veil, sa sœur et sa mère. Parmi ces séquences, de longues scènes dans les wagons à bestiaux, l’arrivée nocturne à Auschwitz, la violence dans les dortoirs et dans les champs, ou encore l’ultime agonie d’Yvonne, la mère de Simone, interprétée par Élodie Bouchez.
Reconstitution de l’Holocauste
Faire un biopic sur Simone Veil sans raconter son expérience de déportée aurait été incongru, alors que l’homme d’État s’est tant battu pour que son histoire et celle des autres survivantes soit entendue. “Ce début de vie conditionne tous ses choix, en Europe, dans ce qu’elle fait pour les femmes, et à jamais dans le combat pour la dignité de l’être humain”explica Elsa Zylberstein, que interpreta a Simone Veil de adulta -pese a las prótesis, que lamentablemente se han vuelto imprescindibles en cualquier biopic convencional-, su interpretación y la de Rebecca Marder (que interpreta a Simone en su juventud) constituyen la principal salvación de le film.
C’est l’actrice qui, après plusieurs rencontres avec Simone Veil, demande à Olivier Dahan de réaliser “un bon film” Pour elle, la question de la mémoire n’est pas celle qui s’est posée en premier, « mais forcément, c’est intrinsèque au sujet ». Quant à Olivier Dahan, lui-même descendant de déportés, c’est pour lui une évidence : « C’est un film sur l’Holocauste. […] Ce qui m’intéressait, que j’avais peu vu au cinéma, c’était le silence imposé par l’État français une fois les déportés revenus. Ce que Simone Veil combattra en premier : elle veut parler, et ce droit à la parole lui est refusé ainsi qu’à tous les autres.
Mise en scène excessive
Si l’Holocauste devait nécessairement être mentionné, les élections en Simone défi. Que peut-on et doit-on montrer de la Shoah au cinéma ? Pourquoi reconstituer avec autant de détails les atrocités dans les camps ? S’attarder si longtemps sur le visage décharné et agonisant d’Élodie Bouchez dans le rôle d’Yvonne Steinmetz ? Le débat dure depuis longtemps, et il refait remarquablement surface à chaque fois quelle fiction ramasser le sujet.
Dans son célèbre critique tu filmes casquette ou de Gillo Pontecorvo, en 1961, Jacques Rivette Estimation que le fait même de mettre en scène l’expérience des camps, et dans ce cas précis la mort de l’héroïne, avec des procédés cinématographiques classiques, était immoral : « Le réalisme absolu, ou ce qui peut prendre sa place au cinéma, est impossible ici ; toute tentative en ce sens est nécessairement incomplète (« donc immorale »), toute tentative de reconstruction ou de maquillage est risible et grotesque, toute approche traditionnelle du « spectacle » est du voyeurisme et de la pornographie ».
La reconstitution est le choix d’Olivier Dahan, qui avoue s’être interrogé : “Posons-nous la question, et je me suis posé la question, est-ce normaldit Olivier Dahan. La question n’est pas “est-ce qu’on peut faire un film là-dessus ou pas ?”, c’est comment faire le film. […] C’est quelque chose qui demande réflexion et intuition. La précision et l’honnêteté avec lesquelles cela doit être fait vont à l’encontre de quelque chose de trop spectaculaire ou de trop graphique, alors j’ai essayé de garder cela à distance.
“J’ai voulu choquer le spectateur en le mettant dans une sorte d’apnée pour tenter de raconter ce que les déportés de retour ont pu décrire à leur arrivée dans les camps.”
Cependant, certaines scènes Simone laisser peu de place à la suggestion ou à la pudeur. L’horreur des camps est mise en scène de manière graphique et parfois excessive, comme dans cet interminable passage sur la récolte et le tatouage des déportés : avec des gros plans sur leurs crânes et un montage animé et angoissant, les femmes se succèdent sous les coups de ciseaux.
Interrogé sur sa pensée, le cinéaste développe : “Je voulais que le spectateur se sente mal à l’aise avec pas mal de scènes, en fait, c’était mon intention. A l’arrivée au camp par exemple. Il ne s’agissait pas de se mettre à l’aise, d’ailleurs le contraire aurait été absurde. Disons que je voulais impacter physiquement le spectateur en le mettant dans une sorte d’apnée, soit avec des images, soit avec des sons, pour tenter, vaguement, de rendre compte de ce que les déportés de retour étaient capables de décrire lorsqu’ils arrivaient dans les camps ».
Transmission
Pour Elsa Zylberstein, dont la famille a été cachée par les justes pendant la guerre, la transmission est clairement l’un des buts du film. L’actrice, qui a côtoyé Marceline Loridan-Ivens, Ginette Kolinka et Paul Schaffer, estime qu’à l’instar de Simone Veil, “Ce sont des gens obsédés par le streaming, ne l’oublions pas. Et peut-être inconsciemment quand j’ai parlé [à Simone] du film, je me suis dit : elle a dû comprendre que c’était aussi pour ça, pour que ça ne se reproduise plus.
Olivier Dahan explique également que sa volonté était de recréer des images destinées à un jeune public encore ignorant de la Shoah et de ses représentations cinématographiques. « Je ne montre pas tous les camps : je montre l’arrivée, la marche de la mort, des choses qu’on n’a pas forcément vues depuis longtemps. Et tandis que de grands films ont été faits à ce sujet, Shoah en pensant à Claude Lanzmann, bien sûr, je me suis dit qu’aujourd’hui en 2022, il n’y avait pas beaucoup de jeunes de 15 ans qui auraient la chance de voir Shoahmême pas Le pianistemême pas la liste de Schindler et plus de films. J’avais l’intention de faire un film accessible, alors je me suis donné le droit de répéter un peu les choses.
Leave a Reply